Venues des quatre coins des États-Unis, souvent en famille et noires pour la plupart, des milliers de personnes, dont le président Barack Obama, ont rendu hommage dimanche à Washington au défenseur des droits civiques Martin Luther King et à ceux luttant toujours aujourd'hui.

M. Obama a inauguré le Mémorial Martin Luther King, nouveau monument dans la capitale américaine, en saluant le prix Nobel de la paix et son message, qu'il a lié aux combats «d'aujourd'hui».

Si Martin Luther King était «vivant aujourd'hui, il nous rappellerait que le chômeur peut à juste titre s'en prendre aux excès de Wall Street, sans diaboliser tous ceux qui y travaillent», a déclaré M. Obama, en écho au mouvement des «indignés» manifestant contre la cupidité du monde de la finance.

Pour le premier président noir à accéder à la Maison-Blanche, les «barricades ont commencé à tomber, l'intolérance a commencé à s'estomper» grâce au Dr King.

Mais 50 ans après, «notre travail, le travail du Dr King, n'est pas terminé (...) aujourd'hui, tirons notre force des combats passés», a poursuivi le président américain, en évoquant «la reconstruction» de l'économie, l'éducation ou la santé.

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour une matinée d'hommages, avec chansons, poèmes et discours, à la figure de proue de la lutte pour les droits civiques et contre la ségrégation raciale aux États-Unis, militant pacifiste, assassiné le 4 avril 1968 à l'âge de 39 ans.

Un Mémorial lui est désormais dédié près du National Mall, artère prestigieuse de la capitale américaine. C'est le premier monument à honorer dans ce lieu une personne de couleur et le seul de cette importance à y être dédié à une personnalité autre qu'un ancien président des États-Unis.

Dédié au pasteur et à son message de «démocratie, justice, espoir et amour», c'est un espace ouvert de 1,5 hectare, dominé par la Pierre de l'espoir d'où émerge une statue massive de 9 m de haut représentant le Dr King, bras croisés et regardant l'horizon.

Il est situé à quelques dizaines de mètres du Lincoln Memorial où le pasteur avait prononcé son discours le plus célèbre le 28 août 1963 «I have a Dream». La cérémonie devait d'ailleurs au départ avoir lieu le 28 août, pour marquer le 48e anniversaire jour pour jour de ce discours, mais avait dû être annulée à cause de l'ouragan Irène frappant alors la côte est des États-Unis.

Devant une foule bigarrée, portant casquette ou T-shirts à l'effigie du pasteur, le fervent militant des droits civiques Al Sharpton a lancé à l'adresse du monde entier: «vous qui combattez en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, venez ici au monument du Dr King, voyez la Pierre de l'espoir».

Anda Cottrell, jeune institutrice noire de 32 ans, est venue «pour célébrer notre histoire. Mais il y a aussi un parallèle intéressant à faire avec «Occupons DC» qui manifeste à côté», a-t-elle dit à l'AFP, en référence au groupe de protestation anti-Wall Street de Washington.

«Quand Luther King a été assassiné, il allait se battre pour les travailleurs, ceux qui sont les 99%», a-t-elle ajouté, rappelant un slogan des «indignés».

Lillie Mc Gowan, 80 ans, d'Atlanta (Géorgie, sud-est), en fauteuil roulant, brandissait fièrement une pancarte de la NAACP, la principale association noire pour les droits civiques.

«J'ai connu Martin Luther King à Detroit. C'était un charmant jeune homme de 24, 25 ans. Il a réussi autant qu'il a pu», a-t-elle souligné, regrettant «qu'aujourd'hui, nous ayons toujours énormément de pauvreté».

Des dizaines de personnalités, la famille King, la chanteuse Aretha Franklin, le révérend Jesse Jackson, étaient également présentes à l'inauguration, qui s'est achevée sur une chanson de Stevie Wonder «Happy Birthday».