Ancien patron d'une chaîne de pizzérias, Herman Cain a récemment fait une percée remarquée dans les sondages dans la course républicaine pour la présidentielle américaine de 2012, mais ses chances d'être investi candidat restent minces, assurent des experts.

Herman Cain, un Afro-Américain de 65 ans, n'a jamais été élu, son équipe de campagne est squelettique et sa plus grande réussite est d'avoir réussi à redresser la chaîne de pizzérias Godfather.

Cela ne l'a pas empêché d'arriver en tête d'un sondage publié mercredi par le Wall Street Journal et la chaîne de télévision NBC News sur les favoris pour la primaire républicaine, en lieu et place de l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney.

«C'est le cinquième leader» de ce classement depuis le printemps, tempère Larry Sabato, directeur d'un centre d'analyse politique.

«Sa brusque poussée illustre la faiblesse des candidats actuels et la volonté des membres du (mouvement ultraconservateur) Tea Party de trouver leur champion», analyse de son côté Thomas Mann, de la Brookings Institution, dans un entretien avec l'AFP.

Herman Cain, connu pour son langage abrupt, ses positions conservatrices et son vaste plan de réduction des impôts, «a une rhétorique capable de les enflammer, mais il n'a aucune crédibilité pour être président», ajoute M. Mann.

«Il y a un consensus presque unanime dans le monde politique pour considérer qu'il ne peut pas remporter la primaire», estimait de son côté jeudi le site politique salon.com, au lendemain de la diffusion d'un sondage Wall Street Journal et NBC News plaçant Cain en tête des candidats républicains.

Selon Allan Lichtman, professeur et observateur de la vie politique à Washington, l'enthousiasme actuel pour Herman Cain reflète la déception des partisans républicains à l'égard des actuels candidats de leur parti -et plus particulièrement à l'égard de Mitt Romney, qui dominait les débats avant ce dernier sondage.

«Leur tête leur dit qu'il devrait nommer Romney (comme candidat) pour la bonne et simple raison qu'il est celui qui a sans doute le plus de chances contre Obama», note Allan Lichtman «mais la base républicaine n'a pas le sentiment que Romney est l'un d'eux et elle ne lui fait pas confiance pour représenter ses valeurs s'il est élu».

Herman Cain, en revanche, concentre par bien des aspects de sa personnalité tout ce que les Américains adorent chez leurs hommes politiques, reconnaissent les experts.

D'un tempérament optimiste, charismatique, Herman Cain a triomphé d'un cancer et a réussi à sortir de la pauvreté dans le Sud ségrégationniste.

Systématiquement, les plus importants soutiens de Cain se trouvent parmi les partisans du mouvement Tea Party, qui se retrouvent dans les idées conservatrices qu'il défend.

«Nous suivons la popularité de Cain depuis un moment: il a toujours eu les faveurs des républicains les plus intéressés par la vie politique», pointe également Carroll Doherty, du Pew Center for People and Press, un centre de recherche indépendant sur la politique.

«Son souci jusqu'à maintenant était son manque de visibilité au niveau national», avant les récents débats télévisés entre les candidats républicains, ajoute Mme Doherty.

Alors qu'on lui demandait récemment s'il ne craignait pas d'être seulement «la saveur du mois», Herman Cain s'est amusé: «Le parfum chocolat noir-noix de Häagen-Dazs est excellent toute l'année». Mauvais choix pour le candidat: le parfum en question est justement une saveur limitée dans le temps.

Le coup d'envoi de la course à la présidentielle côté républicain devrait avoir lieu le 3 janvier avec la sélection d'un candidat dans l'Iowa, où se tiendront les traditionnels caucus (assemblées électorales) de cet État.