Les manifestants anti-Wall Street de New York ont obtenu vendredi une «victoire» au moins provisoire, avec le report des opérations de nettoyage du square qu'ils occupent depuis le 17 septembre au coeur du quartier financier.

Plusieurs manifestants ont été interpellés peu après à proximité, lors d'échauffourées avec la police, a constaté un journaliste de l'AFP. L'un d'eux avait le visage en sang.

La police est intervenue contre un petit groupe qui marchait vers Wall Street et empruntait la chaussée, ce qui n'est pas autorisé. Plusieurs manifestants ont été plaqués au sol, attachés avec des menottes en plastique et embarqués, a raconté à l'AFP Alexis Pointet, un Français de 23 ans qui participait au cortège. Il a estimé qu'une dizaine de manifestants avaient été interpellés.

Le report des opérations de nettoyage «est une grande victoire pour nous», a déclaré à l'AFP Senia Barragan, une porte-parole du mouvement «Occupy Wall Street» (OWS) qui redoutait d'être expulsé lors de ce grand ménage.

OWS va maintenant réfléchir «à la suite» et aux moyens d'«étendre le mouvement», a-t-elle ajouté.

Répondant à un appel d'OWS publié jeudi soir sur l'internet «pour éviter la fermeture forcée» du campement, plusieurs milliers de manifestants, étudiants, syndicalistes et sympathisants s'étaient massés vendredi avant le lever du jour dans le square Zuccotti, surveillé par un important dispositif policier.

Une demi-heure avant le début prévu des opérations de nettoyage, la mairie de New York a annoncé dans un communiqué que le propriétaire du square «reportait le nettoyage», ce qui a suscité une immense clameur de joie.

«Les gens unis ne seront jamais vaincus», scandait la foule qui a applaudi à tout rompre cette annonce.

Certains manifestants avaient passé la nuit à nettoyer le square où ils sont plusieurs centaines à dormir chaque nuit dans des sacs de couchage. Une partie du matériel amassé depuis le 17 septembre en avait été évacué, des chrysanthèmes replantés dans les massifs.

Beaucoup n'avaient pas dormi.

«Nous n'avons pas l'intention de partir», ont clamé un peu plus tard les manifestants, amplifiant comme à l'habitude ce que disent les intervenants pour compenser le fait qu'ils n'ont pas droit à des haut-parleurs.

«J'étais prêt à être arrêté, mais je vais partir travailler», commente Zach Loeb, 27 ans, un bibliothécaire qui avait installé avec d'autres une bibliothèque dans le square.

«Je suis ravi, et cela me donne de l'énergie, mais je ne baisse pas la garde», ajoute-t-il avant de quitter les lieux. Beaucoup ont fait de même, une fois levée la menace de confrontation.

Dans son communiqué, la mairie a précisé que Brookfield property, propriétaire de ce square privé mais ouvert au public, «pense pouvoir parvenir à un arrangement avec les manifestants pour que le parc reste propre, sûr, et utilisable par le public, dans le respect des commerces et résidents».

Le mouvement OWS, qui a essaimé dans une trentaine de villes américaines, dénonce la cupidité de Wall Street et la corruption des 1% les plus riches, sans avoir à ce stade de revendications précises. «Nous sommes les 99%», «nous avons entamé une discussion indispensable», expliquent ses membres qui ne se reconnaissent aucun chef de file.

Dans un pays traumatisé par un chômage à 9,1% et où la classe moyenne s'appauvrit, 54% des Américains soutiennent ce mouvement, selon un sondage publié jeudi par Time Magazine.

Vendredi, un panneau affirmait fièrement sur le square réinvesti: (le maire de New York Michael) «Bloomberg n'a pas expulsé OWS».