La réforme phare de la santé d'Obama devrait être au coeur de la nouvelle session de la Cour suprême des États-Unis qui s'ouvre lundi à Washington, mais les neuf sages se pencheront également sur des questions de société comme les grossièretés à la télévision.

Les juges de la plus haute juridiction du pays ont déjà une cinquantaine de dossiers sur la table pour cette session qui s'achèvera fin juin 2012.

Par le passé, ils en ont traité jusqu'à 75, ce qui leur laisse une latitude pour se saisir d'autres affaires, au premier rang desquelles la loi sur la couverture maladie, ardemment voulue par le président Barack Obama et promulguée début 2010.

Cette loi devant la haute cour est comme «un éléphant dans un magasin de porcelaine», estime Ilya Shapiro, spécialiste des litiges constitutionnels à l'Institut Cato, laissant entendre que le dossier a toutes les chances d'occulter tous les autres.

«C'est très nettement l'affaire de l'année», abonde l'avocat Michael Carvin, spécialiste de la Cour suprême, pour lequel «il ne fait aucun doute» que les neuf sages se saisiront de la question au cours de cette session.

«L'action du gouvernement garantit» la saisine de la cour, dit-il à l'AFP.

L'administration Obama a demandé à la haute juridiction de déclarer sa loi conforme à la Constitution, attaquant la décision d'une cour d'appel de Géorgie qui avait, en août, jugé inconstitutionnelle la mesure phare du texte rendant obligatoire pour tous les citoyens de se doter d'une assurance maladie.

Les juges, confrontés à des décisions judiciaires contradictoires, ont reçu trois autres appels, dont celui de 26 États américains réunis qui réclament de retoquer la loi dans sa globalité.

Selon toute probabilité, les juges rendront une décision en juin. L'avenir de cette réforme cruciale pour le président Obama sera, selon Me Carvin, «décidé avant l'élection présidentielle» de novembre 2012 et sera inévitablement «partie prenante de la campagne».

«Quelle qu'elle soit, la décision sera l'une des plus spectaculaires dans l'histoire du droit constitutionnel, car elle va décider où sont les limites du pouvoir du Congrès», observe l'avocat Timothy Sandefur.

«Ce devrait être la session du siècle ou tout au moins de la décennie», estime M. Shapiro. Car les juges pourraient aussi être saisis de dossiers clés comme le mariage gai ou les législations adoptées par certains États contre l'immigration illégale.

«Des dossiers très significatifs politiquement, car ils impliquent le pouvoir des États contre celui du gouvernement national», commente Elizabeth Papez, spécialiste de droit constitutionnel.

Ce sera également, selon l'avocate, «important d'observer la séparation des pouvoirs» dans une affaire diplomatique étudiée en novembre: le recours de parents d'un enfant américain né à Jérusalem qui voudraient voir spécifier sur son passeport qu'il est «né en Israël».

Mais le département d'État s'y oppose, en soulignant que la position américaine est de ne reconnaître à aucun État la souveraineté sur Jérusalem.

La haute cour se penchera aussi sur la définition de «l'indécence» à la télévision dans un dossier qui concerne l'apparition de fesses nues dans une série et l'emploi de mots grossiers par des vedettes en direct.

Elle examinera également en novembre la demande de l'administration Obama d'autoriser la police à traquer des suspects à l'aide de GPS sans mandat de la justice.

Un trafiquant de drogue confondu en 2005 par la géolocalisation par satellite avait obtenu que sa condamnation à perpétuité soit annulée au motif que l'utilisation de l'appareil sans mandat avait violé ses droits constitutionnels.

Dans les deux cas, selon Me Papez, la Cour devra «confronter les nouvelles technologies aux législations anciennes» sur la liberté d'expression et la protection de la vie privée.