L'Alabama, état du sud des États-Unis, s'est doté d'une loi contre l'immigration illégale qui fait de la clandestinité un délit et autorise le contrôle par les écoles du statut migratoire de leurs élèves, suscitant les critiques des défenseurs des droits de l'homme.

Des centaines d'étudiants de l'université d'Alabama ont manifesté mercredi contre ces nouvelles dispositions qui sont partiellement entrées en vigueur jeudi, un an après l'adoption d'une autre loi très controversée sur ces questions en Arizona (sud-ouest).

Dans cet état frontalier du Mexique, la loi était entrée en vigueur fin juillet 2010, sans ses dispositions les plus controversées --dont la pénalisation de l'immigration illégale-- suspendues par une juge fédérale.

La loi adoptée en Alabama est «bien pire» que celle de l'Arizona, a jugé auprès de l'AFP Andre Segura, avocat auprès de l'ACLU, une puissante association de défense des droits civils.

La justice de l'Alabama a expurgé mercredi du projet de loi ce qui entrait, à ses yeux, en conflit avec la loi fédérale, mais en a cependant conservé les aspects les plus controversés.

La police sera ainsi désormais autorisée à procéder à des contrôles d'identité aléatoire, à vérifier le statut migratoire de toute personne interpellée et à placer en garde à vue un clandestin sans possibilité de libération sous caution.

En plus de faire des sans-papiers des délinquants, la loi prévoit la condamnation de toute personne qui héberge ou transporte une personne sans-papiers. Elle permet aussi aux écoles de contrôler le statut migratoire de leurs élèves.

«Pendant ma campagne, j'ai promis une loi contre l'immigration et maintenant nous l'avons», s'est félicité le gouverneur républicain de l'Alabama, Robert Bentley.

Des responsables religieux, des associations de défense des étrangers et des droits de l'homme ont formé des recours contre ces mesures qui devaient initialement entrer en vigueur dès le 1er septembre.

Jeudi matin, plusieurs nouveaux recours ont été déposés par l'ACLU.

L'administration Obama, qui estime que ces dispositions sont inconstitutionnelles, a également formé un recours le 1er août, comme elle l'avait fait en 2010 en Arizona.

Le ministère de la Justice a fait valoir que ces lois pourraient dissuader les parents de scolariser leurs enfants qui seraient sans-papiers.

«Nous continuerons à évaluer les lois relatives à l'immigration dans les états et n'hésiterons pas à les traduire en justice si, en réalité, un état crée sa propre politique migratoire ou renforce ses lois d'une manière qui interfère avec la loi fédérale sur l'immigration», a déclaré, dans un courriel à l'AFP, une porte-parole du ministère de la Justice.

La justice fédérale a également retoqué quelques dispositifs de loi sur l'immigration des états de l'Utah et de la Géorgie.

M. Obama s'était engagé à résoudre la question des quelque 12 millions de personnes vivant clandestinement sur le territoire américain, dont les personnes arrivées illégalement dans leur enfance.

Mais il n'a pas réussi à faire adopter une réforme du système d'immigration par le Congrès à l'époque où ses alliés démocrates en contrôlaient les deux chambres.