Les deux randonneurs américains libérés par l'Iran qui les accusait d'espionnage ont qualifié dimanche de «cauchemar» leurs 781 jours de détention et clamé leur innocence, en expliquant qu'ils avaient été «pris en otage pour la seule raison qu'ils étaient américains».

De retour à New York après plus de deux ans passés en prison, Josh Fattal et Shane Bauer, tous deux âgés de 29 ans, ont pour la première fois depuis leur libération raconté leur détention en Iran, lors d'une conférence de presse à New York.

«Nous avons été maintenus à l'isolement quasi-complet durant plus de deux ans», a déclaré Josh Fattal, en précisant que durant ce «cauchemar», seuls dans une cellule de 9m2, ils n'avaient pu parler que «15 minutes au total à leur famille, et avoir une courte visite de leur mère».

«Cet isolement solitaire a été la pire expérience de notre vie», a ajouté Josh Fattal, visiblement ému, en buttant à plusieurs reprises sur les mots.

«Nous avons dû suivre plusieurs grèves de la faim, simplement pour pouvoir recevoir les lettres de nos proches», a-t-il précisé, ajoutant qu'ils avaient vécu dans un monde de «mensonges et de faux espoirs», où les autorités iraniennes leur avaient même dit que leurs parents avaient arrêté de leur écrire.

Les trois amis étaient autorisés à se voir «une heure par jour». Quand Sarah (Shourd) a été libérée l'an dernier, «notre monde s'est rétréci», a-t-il poursuivi.

Josh Fattal et Shane Bauer, entourés de leur famille durant la conférence de presse, sont arrivés dimanche à New York en provenance du sultanat d'Oman, où ils avaient passé trois jours après leur libération mercredi de la prison iranienne d'Evine.

Josh Fattal, qui avant son arrestation à la frontière irano-irakienne s'occupait de développement durable dans l'Oregon (nord-ouest des États-Unis), a estimé qu'avec ses amis ils avaient été «pris en otage», pour «la seule raison que nous sommes Américains».

«Il était clair depuis le tout début que nous étions otages», a-t-il déclaré. «C'est le terme le plus juste, car en dépit d'une certaine connaissance de notre innocence, l'Iran a toujours lié notre cas à ses disputes politiques avec les États-Unis».

«Nous sommes complètements innocents», a renchéri Shane Bauer, qui avant son arrestation était journaliste indépendant et vivait en Syrie avec Sarah Shourd.

«Aucune preuve n'a jamais été présentée contre nous, parce qu'il n'y en a pas, parce que nous sommes complètement innocents», a-t-il ajouté, qualifiant de «supercherie totale» leurs deux comparutions devant un tribunal iranien.

«Nous ne savons pas si nous avons franchi la frontière» irano-irakienne lors de notre randonnée en juillet 2009, a-t-il ajouté. Mais même si nous l'avons fait, ce n'est pas la raison pour laquelle nous sommes restés si longtemps en prison (...) Nous avons été condamnés pour espionnage, parce que nous sommes américains, c'est aussi simple que ça», a-t-il ajouté.

Les deux jeunes gens avaient été condamnés le 21 août à huit ans de prison pour «entrée illégale en Iran» et «espionnage», condamnation dont ils ont fait appel.

Ils ont été libérés mercredi contre une caution d'environ 400 000 dollars chacun, payée par le sultanat d'Oman qui a servi de médiateur dans ce dossier.

Les jeunes gens lui ont fait part de leur gratitude à plusieurs reprises.