S'affichant en défenseur de la classe moyenne, Barack Obama poursuit mercredi sa campagne pour exiger de ses adversaires républicains au Congrès qu'ils adoptentson plan emploi de 447 milliards de dollars dont sa réélection en 2012 pourrait dépendre.

Le président des États-Unis est arrivé en fin de matinée dans la région de Raleigh en Caroline du Nord, où il va visiter une usine et surtout prononcer son cinquième discours en sept jours sur ces mesures, censées donner un «électrochoc» à l'économie.

Avant la Caroline du Nord, où il avait remporté une majorité des voix en 2008, M. Obama a défendu son plan vendredi en Virginie et mardi dans l'Ohio, autant d'États cruciaux dans la perspective de la présidentielle de novembre 2012 à laquelle il est candidat.

Mais le chômage qui reste très élevé, à 9,1%, et les statistiques du recensement montrant une stagnation des revenus des Américains depuis plus de dix ans, pèsent sur le moral des électeurs. Ils ont infligé des revers au parti démocrate mardi soir lors de deux législatives partielles, dont dans un bastion jusqu'alors présumé imprenable de New York.

Face aux républicains qui contrôlent déjà la Chambre des représentants et détiennent une minorité de blocage au Sénat, la Maison-Blanche a décidé de passer à l'offensive, comme en témoigne le ton qu'emploie le président dans ses réunions publiques, digne de sa campagne victorieuse de 2008.

«Voulez-vous que les multimillionnaires et les milliardaires gardent leurs cadeaux fiscaux, ou voulez-vous que les enseignants retrouvent du travail?», a-t-il demandé mardi face à quelque 3000 personnes dans l'Ohio, alors que la foule criait «votez ce projet de loi».

«Mon message au Congrès est «mais qu'est-ce que vous attendez au juste»» pour voter ces mesures, a lancé le président.

Selon des responsables de la Maison-Blanche, cette campagne de déplacements au coeur de l'Amérique profonde pourrait durer des mois. Elle semble aussi répondre à l'angoisse d'élus démocrates tentés de se désolidariser de M. Obama.

La popularité de ce dernier, outre l'état inquiétant de l'économie -le pays n'a créé aucun emploi en août-, pâtit de la guerre de tranchées qui l'a opposé aux républicains en début d'été, et a conduit les États-Unis au bord du défaut de paiement.

Les républicains rejettent le financement du plan de M. Obama, qui prévoit la fin pour les plus riches des exemptions d'impôts héritées de la présidence du républicain George W. Bush, à l'horizon 2013. D'autres mesures prévoient la fin de niches fiscales pour les grandes entreprises.

Les adversaires de M. Obama estiment que le plan de relance de 787 milliards de dollars promulgué en février 2009 a échoué dans ses objectifs. Certaines mesures du nouveau plan, comme des crédits d'impôt pour les PME, pourraient toutefois trouver grâce à leurs yeux.

M. Obama avait indiqué lundi qu'il n'utiliserait pas l'arme du veto si jamais le Congrès lui envoyait séparément pour promulgation des mesures contenues dans son plan.

«Mais je leur dirai «donnez-moi le reste», et je continuerai à argumenter dans ce sens tant qu'il faudra agir pour que les gens retrouvent du travail», a-t-il promis.

Le chef de la minorité républicaine, Mitch McConnell, a affirmé ne pas être dupe du but ultime des déplacements présidentiels.

Selon lui, les démocrates «ont dit, malgré les appels du président à adopter ce plan immédiatement, que leur objectif réel est (...) de faire en sorte que les démocrates puissent l'utiliser comme argument lors de la campagne».

Le chef de la majorité à la Chambre, Eric Cantor, s'est lui aussi indigné mardi de ce qu'il considère comme une manoeuvre électorale. «Dire 17 fois «votez cette loi» n'est ni le bon ton, ni la bonne façon d'avancer».