Le dernier Britannique détenu dans la prison américaine de Guantanamo, à Cuba, a entamé une grève de la faim, affirmant être victime de mauvais traitements, a rapporté vendredi la BBC, des allégations vigoureusement démenties par le Pentagone.

Shaker Aamer est prisonnier dans ce camp depuis février 2002, bien que l'administration Bush ait reconnu en 2007 ne pas avoir de preuve contre lui. Il avait été capturé en Afghanistan fin 2001 par les forces américaines.

La BBC indique s'être procuré une lettre dans laquelle Shaker Aamer et sept autres détenus affirment avoir été traités de manière inhumaine pendant leur détention et se décrivent comme des «otages».

«L'hôpital est notamment le théâtre de traitements inhumains, qui touchent en particulier les malades et ceux qui sont en grève de la faim; on ne nous fournit ni véritable traitement, ni soins, ni nourriture appropriée, ni vêtements convenables et on nous empêche de nous les procurer», écrivent les auteurs de la lettre, selon la BBC.

«Après toutes ces années d'épreuve», ils demandent que leur cas soit «examiné le plus vite possible» et d'être «libérés sans condition» ou «d'avoir un procès public et équitable».

Un porte-parole du Pentagone a «vigoureusement démenti d'emblée ces commentaires, ils sont sans fondement et semblent être une tentative pour attirer l'attention».

«La Croix-Rouge visite régulièrement les bâtiments de détention et elle n'a jamais trouvé quoi que ce soit qui appuie ces allégations sans fondement», a déclaré à l'AFP Todd Breasseale.

Ce porte-parole du ministère américain de la Défense n'a pas pu confirmer dans l'immédiat que M. Aamer avait entamé une grève de la faim. Il a cependant précisé qu'il y avait «épisodiquement des grèves de la faim conduites par divers détenus à différents moments. La vraie question est de savoir s'ils les suivent aussi sérieusement qu'ils nous le disent».

«Ils sont surveillés, pesés», a-t-il dit, «la grève de la faim est une forme de protestation non violente. S'il arrive que leur vie soit en danger, nous les nourrirons et nous ne les laisserons pas se blesser ou se suicider», a-t-il ajouté.

Né en Arabie saoudite, Shaker Aamer est résident britannique et il est marié à une Britannique qui vit à Londres avec leurs quatre enfants.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avait annoncé à la fin de l'année dernière avoir demandé aux États-Unis de renvoyer Shaker Aamer en Grande-Bretagne, sans préciser quand cela pourrait se produire.

«Nous avons fait des démarches auprès des États-Unis. Le premier ministre a soulevé la question, comme le ministre des Affaires étrangères et nos représentants officiels, mais la décision de libérer Shaker Aamer appartient aux États-Unis», a souligné le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Alistair Burt.

«Nous continuons à travailler pour obtenir le retour d'un citoyen britannique au Royaume-Uni, conformément à notre politique», a-t-il ajouté.

Cinq autres prisonniers de Guantanamo ayant le statut de résidents britanniques avaient été libérés en 2007 et en 2009. Les neuf citoyens britanniques détenus avaient, eux, quitté la prison en 2004 et en 2005.