Le président Barack Obama a effectué vendredi un déplacement éclair sur le terrain en Virginie (Est), un état crucial sur la carte électorale américaine, pour y presser ses adversaires républicains d'adopter le plan emploi qu'il avait dévoilé la veille au Congrès.

Face à 8900 personnes rassemblées dans une salle de sport de l'université de Richmond, à 160 km au sud de Washington, M. Obama a retrouvé un ton de campagne électorale pour défendre les mesures de relance de 447 milliards de dollars qu'il souhaite voir entériner par les élus.

Le président, qui avait promis jeudi de voyager aux quatre coins du pays pour défendre ce projet visant à donner un «électrochoc» à l'économie et à l'emploi, a mis au défi ses adversaires d'empêcher les allègements fiscaux de 240 milliards qu'il propose dans le cadre de ce plan.

«Vous avez promis de ne jamais augmenter les impôts pour qui que ce soit. Vous ne pouvez pas faire une exception quand les réductions d'impôts s'effectuent au profit de la classe moyenne», a-t-il raillé dans une ville qui est le fief du chef de la majorité républicaine à la Chambre, Eric Cantor.

Le président a en outre exhorté ses adversaires à éliminer les niches fiscales pour les compagnies pétrolières et d'autres grandes sociétés, et demandé à ses concitoyens de faire passer ce message à leurs élus, que ce soit par courrier électronique, Twitter, Facebook, télécopie... et même par «pigeon voyageur» si nécessaire.

M. Obama, qui fait face à un chômage de 9,1% de mauvais augure à 14 mois de la présidentielle lors de laquelle il briguera un second mandat, a toutefois salué la réaction mesurée de certains hauts responsables républicains à son plan.

«J'ai été heureux d'entendre certains républicains, dont vos élus (dire) qu'il était possible pour nous de travailler ensemble. Ils disent qu'ils sont ouverts à certaines des propositions pour créer des emplois», a-t-il remarqué, en disant espérer que son plan serait finalement adopté, malgré le scepticisme de nombreux observateurs politiques.

M. Cantor, pour sa part, a insisté sur la nécessité d'alléger les règlements pesant sur les entreprises afin de créer davantage d'emplois. «Je souhaite la bienvenue au président à Richmond. J'espère qu'il entendra le même message que celui que j'y entends, c'est-à-dire qu'il est temps pour Washington de s'effacer», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Le président a prévu d'effectuer un déplacement du même type mardi à Columbus, dans l'Ohio (centre), un autre État-clé dans la course à la Maison Blanche et dont le président républicain de la Chambre, John Boehner, est l'élu.

Le plan de M. Obama a surpris les observateurs par son ampleur. Les 447 milliards sont à mettre en rapport avec le plan de relance massif de 787 milliards promulgué début 2009.

Le président, qui a ferraillé avec les élus républicains au début de l'été pour obtenir un accord sur le relèvement du plafond de la dette et la réduction du déficit, a à nouveau juré vendredi que ce nouveau plan serait «totalement financé».

Il avait aussi annoncé jeudi soir qu'il présenterait le 19 septembre un plan de réduction de déficit «plus ambitieux», qui couvrirait le coût de la proposition de loi présentée jeudi et stabiliserait la dette américaine «à long terme».

La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a «salué» vendredi à Londres «les propositions du président Obama».

L'analyste de Moody's Mark Zandi a estimé que ce plan allait «aider à stabiliser la confiance et empêcher les États-Unis de replonger dans la récession» et a évalué à 2 points de croissance en 2012 et 1,9 million d'emplois les gains qu'il pourrait entraîner.

Ce plan n'a en revanche pas semblé convaincre la Bourse, Wall Street ayant ouvert en nette baisse vendredi.