Parlementaires démocrates et républicains se rejetaient mutuellement dimanche la responsabilité de l'abaissement de la note des États-Unis par Standard and Poor's, sourds au message d'unité lancée la veille par la Maison-Blanche.

Le sénateur démocrate John Kerry, ancien candidat à la Maison Blanche, a estimé que la dégradation était la conséquence des tentatives de blocage orchestrées par certains républicains lors des débats sur le relèvement du plafond de la dette.

«Cette dégradation, c'est celle du Tea Party», a-t-il lancé à l'endroit du mouvement ultraconservateur. «Ce dont nous avons besoin ici à Washington, c'est d'arrêter nos empoignades», a-t-il dit dans l'émission Meet the Press de la chaîne NBC, un des nombreux talk-shows politiques dominicaux aux États-Unis.

Riposte immédiate, sur le même plateau, du sénateur républicain John McCain, un modéré lui aussi ancien candidat à présidence, qui a ciblé le président Barack Obama, l'accusant de n'avoir pas su mettre en place une politique économique susceptible de contenir la dette et les déficits.

«Je suis d'accord sur le fait que notre système souffre de dysfonctionnements, mais qui viennent en bonne partie de l'échec du président à diriger le pays», a-t-il déclaré.

Ces prises de bec interviennent malgré le message d'unité lancé par la Maison-Blanche aux responsables politiques.

Le président Obama «pense qu'il est important que les élus s'unissent pour renforcer l'économie et rétablir la situation budgétaire», a déclaré samedi le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Dimanche, le sénateur McCain a également pris la défense de S&P face aux accusations de l'administration Obama, qui a estimé que l'agence d'évaluation financière avait commis une «erreur de 2.000 milliards de dollars» dans les projections de déficit budgétaire jusqu'en 2021.

«Ne tirez pas sur le messager, a dit McCain. «Y a-t-il vraiment quelqu'un qui croie que S&P se trompe dans son évaluation de la situation budgétaire de ce pays?»

L'ancien conseiller économique du président Obama, Lawrence Summers, a estimé pour sa part qu'il était «inutile» de tomber sur le dos de l'agence d'évaluation, «même s'ils le méritent en partie» et que l'abaissement de la note américaine accentue «le risque de récession».

«Il faut plutôt se concentrer sur ce que nous pouvons faire pour aller de l'avant», a-t-il déclaré sur CNN.

Face aux critiques dont elle fait l'objet, Standard and Poor's a de nouveau justifié sa décision dimanche par la voix du président de son comité de notation des États, John Chambers.

«Le temps aidant, les gens finiront par s'apercevoir que le rang des États-Unis en tant qu'emprunteurs n'est vraiment pas tout à fait le même que les pays que nous notons AAA», a-t-il assuré sur la chaîne ABC, où il était présenté comme étant potentiellement «la plus personne la moins aimée aux États-Unis».

Il a ajouté que la note des États-Unis ne devrait pas bouger dans l'immédiat, sauf «si l'état des finances publiques des États-Unis se dégrade encore ou si le blocage politique devient encore plus insoluble».

En annonçant sa décision de priver de la meilleure note les États-Unis pour la première fois de leur histoire, Standard and Poor's avait cité vendredi des «risques politiques» face aux enjeux du déficit budgétaire.

«S&P a constaté ce que les Américains ont ressenti, leur colère face aux solutions proposées par le Congrès pour régler des problèmes économiques cruciaux», a souligné M. Summers, en référence aux débats interminables sur le relèvement du plafond de la dette qui ont fait passer les États-Unis à deux doigts du défaut de paiement.