Cinq policiers de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, ont été reconnus coupables vendredi d'avoir tué deux personnes lors du chaos ayant suivi l'ouragan Katrina en août 2005 et d'avoir tenté de masquer leurs meurtres.

«Ces membres des forces de l'ordre seront tenus pour responsables de leurs actes», a déclaré le procureur Jim Letten après l'annonce du verdict de culpabilité, insistant sur le fait que «la culture qui consiste à promouvoir la loi du silence est un peu plus brisée chaque jour».

Inculpés pour le meurtre de deux civils noirs non armés, les policiers ont été reconnus coupables de 25 chefs d'accusation et encourent la prison à vie.

Le procès s'est concentré sur les événements qui se sont déroulés dans la matinée du 4 septembre 2005, sur le pont Danziger de la ville, lorsque les policiers en question, intervenant sur les lieux suite à un appel téléphonique, ont déclenché ce que l'accusation a plus tard qualifié de «rafale de coups de feu».

Ronald Madison, handicapé mental de 40 ans décrit par sa famille comme un être doux et non violent, est mort sur place après avoir reçu plusieurs balles dans le dos. L'un des officiers, Kenneth Bowen, a également tiré sur lui alors qu'il gisait au sol blessé.

James Brissette, 17 ans, décrit comme un lycéen studieux, est également mort par balles sur le pont. Quatre autres personnes de sa famille ont été blessées.

Les policiers condamnés -- Kenneth Bowen, Robert Gisevius, Anthony Villavaso, Robert Faulcon et Arthur Kaufman -- «ont abusé de leurs pouvoirs et violé la confiance du public juste après l'ouragan Katrina, rendant encore pire cette période catastrophique pour les habitants de la Nouvelle-Orléans», a commenté le ministre américain de la Justice, Eric Holder, dans un communiqué.

La sentence est prévue pour le 14 décembre, mais pourrait être ajournée.

Ce procès a toutefois révélé deux visions très différentes des jours qui ont suivi le passage de Katrina.

Les avocats de la défense ont ainsi déclaré que les cinq officiers étaient des héros, ayant secouru des personnes et «combattu les voyous» dans une ville momentanément sans foi ni loi. Ils ont tenté de convaincre les jurés que ces officiers avaient agi en pensant que leur vie était en danger.

Mais en face, Bobbi Bernstein, responsable adjointe de la division des droits civiques au ministère de la Justice, a dénoncé la couverture quasi officielle de ces crimes et la façon dont les cinq policiers ont tenté «de rendre eux-mêmes une sorte de justice post-apocalyptique».

Arthur Kaufman, le supérieur des policiers qui n'était pas sur le pont au moment des faits, mais a aidé ses collègues à couvrir leurs crimes à l'aide de faux témoins et de fausses preuves, risque au total 120 ans de prison.

La Nouvelle-Orléans, en partie construite sous le niveau de la mer et protégée par des digues, avait été plongée dans le chaos à la fin de l'été 2005 après avoir été frappée par l'ouragan Katrina. À la suite d'une rupture de digue, des quartiers entiers avaient été inondés faisant au total 1 500 morts.