Barack Obama reçoit ensemble quatre chefs d'État d'Afrique noire francophone vendredi, dont l'Ivoirien Alassane Ouattara, une rencontre sans précédent à la Maison Blanche pour un président étroitement lié au continent, mais qui l'a peu visité depuis son entrée en fonctions.

Rare incursion en politique étrangère au cours d'un mois qui l'aura surtout vu se consacrer au débat sur la dette avec le Congrès, M. Obama accueillera à 15H10 (19H10 GMT) les présidents béninois Boni Yayi, guinéen Alpha Condé, nigérien Mahamadou Issoufou et ivoirien Alassane Ouattara.

«Cette rencontre sera l'occasion de souligner le soutien de l'administration (américaine) à des démocraties en développement, de mettre en valeur nos partenariats avec ces pays, et de discuter de l'élaboration d'institutions démocratiques fortes, du développement économique et d'autres sujets régionaux», a indiqué la Maison Blanche.

M. Obama doit s'exprimer face à la presse à la fin de la rencontre, prévue dans la salle du Conseil de la Maison-Blanche.

Il s'agira de la première entrevue entre MM. Obama et Ouattara depuis que ce dernier a pris ses fonctions à la tête de la Côte d'Ivoire en avril après plus de quatre mois de crise politique et de graves violences.

Les États-Unis avaient soutenu sans réserve M. Ouattara à l'issue de l'élection présidentielle de fin novembre 2010, et enjoint le président sortant Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir.

Le président américain avait salué le 11 avril l'arrestation de M. Gbagbo. Mais il avait aussi appelé à faire répondre de leurs actes les auteurs de violences postélectorales.

En Côte d'Ivoire, la presse proche de M. Ouattara, comme le journal Nord-Sud, a salué «une grande rencontre pour clore une visite historique» de M. Ouattara aux États-Unis, qui «augure d'un avenir radieux vu la pluie d'investissements qui s'annonce».

Le quotidien Le Patriote a souligné que «c'est bien la toute première fois, après Houphouët (sous Kennedy), qu'un chef d'État ivoirien est reçu à la Maison-Blanche».

M. Obama, né aux États-Unis d'un père kényan, ne s'est rendu qu'à une seule reprise en Afrique noire depuis le début de son mandat il y a deux ans et demi, au Ghana en juillet 2009. Il avait alors appelé le continent à prendre en main son propre destin et à combattre les pratiques antidémocratiques.

Recevant en août 2010 plus d'une centaine de jeunes Africains à la Maison-Blanche, le président les avait aussi exhortés à ne pas suivre les pas de la génération des indépendances il y a 50 ans, qui s'était selon lui accrochée au pouvoir.

C'est également sur la démocratie que la Première dame des États-Unis Michelle Obama avait axé une tournée très politique en Afrique australe en juin.

Au Niger, la rencontre Obama-Issoufou soulève également l'enthousiasme. «Les États-Unis sont les champions de la démocratie; si un président est fréquentable pour eux, alors c'est synonyme d'un quitus à son engagement pour la démocratie», explique à l'AFP Iro Sani, porte-parole du parti au pouvoir.

«La communauté internationale jette aujourd'hui un regard positif sur le Niger après des élections libres et démocratiques en 2011», approuve Ali Idrissa, acteur de la société civile.

Mais c'est aussi «un regard intéressé» sur ce pays sahélien «au vu de son potentiel minier, notamment d'uranium et pétrole», remarque-t-il.

Deux dirigeants de pays africains riches en pétrole ont eu récemment les honneurs d'une réception par M. Obama: le Nigérian Goodluck Jonathan et le Gabonais Ali Bongo, début juin. Le président leur avait demandé de lutter contre la corruption.