Mitt Romney fait figure de favori parmi les candidats républicains à l'élection présidentielle de novembre 2012, mais ses positions centristes pourraient lui fermer la porte de la Maison-Blanche.

Mitt Romney a réussi à lever plus de fonds que tous ses adversaires du parti de l'éléphant et caracole en tête des sondages pour l'investiture républicaine. Mais au moment où l'ultraconservatrice Michelle Bachmann gagne du terrain, Mitt Romney pourrait être mis en difficulté à cause de ses prises de position lorsqu'il était gouverneur du Massachusetts (nord-est), l'un des États les plus à gauche du pays.

M. Romney est l'un des nombreux dirigeants de cet État à avoir été «plus modéré que les républicains au niveau national», explique le politologue Paul Watanabe, de l'Université du Massachusetts à Boston.

Depuis les années 1850, le fauteuil de gouverneur du Massachusetts a été occupé 33 fois par un républicain et 17 fois seulement par un démocrate. Mais dans le même temps, le Congrès de l'État est resté de façon continue dominé par le parti démocrate. Il est donc courant, pour les républicains du cru, de se rapprocher de la gauche sur des questions telles que la sécurité sociale ou les impôts.

«On est bien obligés de collaborer avec eux», constate Jay Barrows, l'un des 32 élus républicains sur les 160 membres que compte la Chambre des représentants locale. «On ne peut pas les attaquer constamment», précise M. Barrows, «il faut bien comprendre d'où vient le pouvoir».

Mitt Romney l'a très bien compris lors de son mandat de gouverneur de 2003 à 2007, au cours duquel il s'est construit une réputation de modéré capable de nouer une alliance avec les démocrates, pour finalement aboutir à l'adoption d'une réforme de la sécurité sociale, la première du genre aux États-Unis.

Ce projet a obtenu un vaste soutien au Massachusetts et servi de modèle à la réforme de la santé proposée au niveau national par Barack Obama en 2010.

Sauf que les républicains méprisent la réforme de la santé d'Obama et ont fait de son abrogation l'un de leurs chevaux de bataille, embarrassant du coup Mitt Romney, qui tente désespérément de prendre ses distances par rapport à un programme qu'il avait lui-même porté dans son État.

Dans son passé de gouverneur, Mitt Romney a également montré des positions très modérées sur la question de l'avortement et des droits des homosexuels.

«Romney était un véritable caméléon en tant que gouverneur et à présent il doit de nouveau changer de couleur pour faire campagne pour la présidentielle», constate M. Watanabe.

Les sommes qu'il a recueillies pour sa campagne montrent qu'il réussit  plutôt bien: il a amassé 18,3 millions de dollars de contributions au cours du deuxième trimestre 2011, une coquette somme comparée aux 4 millions difficilement réunis par Michele Bachmann.

L'ensemble des candidats républicains a pour l'heure levé 35 millions de dollars, ce qui reste bien pâle à côté des 85 millions recueillis par M. Obama, candidat à sa succession. Mais les choses peuvent encore changer durant la campagne. Un sondage paru la semaine dernière a montré que l'électorat conservateur pourrait souhaiter un candidat bien plus à droite que Mitt Romney pour faire face au sortant.

Ce sondage de l'Université Quinnipiac place M. Romney en tête, avec 25% des intentions de vote, suivi de Michelle Bachmann (14%). Sarah Palin, autre égérie de l'ultra-droite, décroche 12% des intentions de vote. Mais l'ancienne candidate à la vice-présidence n'a pas officiellement annoncé sa candidature.

Tout le battage médiatique organisé autour de Sarah Palin contraste avec le style très sobre de l'ancien gouverneur du Massachusetts, un État où le parti conservateur combat en permanence pour conserver des élus.

«La chose que j'aime le plus dans le fait de travailler pour le parti républicain dans le Massachusetts, c'est que l'on est minoritaire», constate le porte-parole du parti républicain local, Tim Buckley. «Il faut jouer les chiens de garde et veiller à ce que l'autre bord reste honnête».