Le président Barack Obama recevra samedi le Dalaï-lama, a annoncé la Maison Blanche, à la veille de cette nouvelle rencontre avec le chef spirituel tibétain qui a toutes les chances d'indisposer la Chine.

«Je peux confirmer qu'ils se rencontreront demain», a déclaré vendredi soir à l'AFP un fonctionnaire de la Maison Blanche sous couvert d'anonymat.

Le chef de l'État américain brave ainsi les avertissements du gouvernement chinois qui la semaine dernière avait mis Washington en garde contre toute discussion officielle avec le Dalaï-lama.

«Nous sommes fermement opposés à toute activité du Dalaï-lama lors de visites à l'étranger visant à la partition de la mère patrie», avait déclaré Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. «Nous sommes fermement opposés à ce qu'un gouvernement étranger ou une personnalité politique soutienne et encourage ces activités».

Mais aux États-Unis, M. Obama a été critiqué pour n'avoir pas reçu le Dalaï-lama, en visite à Washington depuis début juillet pour un rituel bouddhiste, l'accusant de céder à la pression de la Chine qui le considère comme un dangereux séparatiste. Le Dalaï-lama doit quitter samedi la capitale américaine où il se trouve depuis le 5 juillet et où il a fêté son 76e anniversaire en présence de milliers de personnes.

La rencontre prévue samedi «illustre le soutien vigoureux du président en faveur de la préservation de l'identité religieuse, culturelle et linguistique unique du Tibet et de la protection des droits de l'homme des Tibétains», a commenté la Maison Blanche dans un communiqué.

«Le président soulignera son soutien durable au dialogue entre les représentants du Dalaï-lama et le gouvernement chinois afin de résoudre leurs divergences», a ajouté la présidence américaine.

La rencontre est prévue à 11H30 hors du regard des médias et dans la Salle des cartes, non dans le Bureau ovale où les présidents américains reçoivent les chefs d'État.

M. Obama avait rencontré le Dalaï-lama l'an dernier, suscitant la colère de Pékin, qui accuse le chef des Tibétains de rechercher l'indépendance du «Toit du monde». Le Dalaï-lama, qui a quitté son pays en 1959 après l'échec d'un soulèvement contre la présence chinoise, assure qu'il ne réclame pour le Tibet qu'un statut d'autonomie.

Des négociations engagées épisodiquement avec des représentants de Pékin sur l'avenir du Tibet n'ont débouché sur rien.

L'association «Campagne internationale pour le Tibet» s'est félicitée de l'annonce de la rencontre, accusant la Chine de mener actuellement sur place «une répression généralisée».

Mais le représentant républicain Chris Smith a critiqué la rencontre, accusant M. Obama de recevoir le Dalaï-lama en catimini, très loin de la pompe réservée au président chinois Hu Jintao en début d'année. «Il s'agit au mieux d'une décision de dernière minute, mais c'est peut-être plus grave que ça: une décision délibérée d'annoncer la rencontre tard» un vendredi soir, dans l'espoir de réduire la tension avec Pékin, a-t-il déploré.

La visite survient à un moment délicat dans les relations entre les deux puissances du Pacifique, marqué par la tension en mer de Chine méridionale opposant Pékin à cinq autres pays de la région.

Le chef d'état-major interarmes américain, l'amiral Mike Mullen, a effectué cette semaine une visite en Chine, la première à ce niveau depuis quatre ans.

La secrétaire d'État Hillary Clinton doit pour sa part rencontrer le 25 juillet dans le sud de la Chine le conseiller d'État Dai Bingguo, plus haut responsable de la politique étrangère chinoise. Et le vice-président Joe Biden doit se rendre en Chine en août pour des entretiens avec Xi Jinping, qui doit accéder l'an prochain à la présidence du pays.