Barack Obama a affirmé jeudi aux chefs de file du Congrès que «le temps des décisions est venu» pour résoudre le problème de la dette américaine, après une nouvelle journée sans accord marquée par des avertissements sur les graves conséquences en cas d'inaction du parlement.

«Le temps des décisions est venu. Il nous faut des projets concrets pour faire progresser» ces dossiers, a déclaré M. Obama, selon un responsable démocrate au courant des pourparlers entre le président et les élus.

À l'issue d'une cinquième séance de négociation consécutive à la Maison Blanche -sans résultats- entre le président et les responsables parlementaires, qui a duré une heure vingt, plusieurs élus ont indiqué qu'il n'y aurait pas de nouvelle réunion vendredi.

Selon le responsable démocrate proche des négociations, le président a souhaité que les élus se consultent avec les membres de leurs groupes respectifs pour déterminer ce qui peut être fait. Et il a donné aux élus une période de 24 à 36 heures pour se décider.

De même source, «s'il n'a pas eu de nouvelles d'eux avec un plan d'action, il pourrait convoquer une nouvelle réunion pendant le week-end».

M. Obama va participer à une conférence de presse vendredi à 11H00, a annoncé la Maison Blanche.

Le responsable démocrate a par ailleurs affirmé que M. Obama, engagé dans d'ardues négociations budgétaires avec ses adversaires républicains majoritaires à la Chambre des représentants, n'avait pas renoncé à obtenir «l'accord de plus grande portée possible» afin d'obtenir un relèvement du plafond de la dette avant le 2 août.

Par cette expression, la Maison Blanche évoque d'habitude une réduction du déficit de 4.000 milliards de dollars sur dix ans, au moyen de coupes dans les dépenses, mais aussi de nouvelles recettes fiscales ponctionnées sur les contribuables les plus riches.

Une telle perspective hérisse les républicains qui ont fait de leur credo un refus de nouveaux impôts.

Les mises en garde sur les conséquences d'un éventuel défaut de paiement des États-Unis se sont multipliées jeudi à Washington.

Peu avant la rencontre à la Maison Blanche, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, s'est rendu au Capitole et a assuré qu'il ne pouvait donner au Congrès davantage de temps pour relever le plafond de la dette au-delà de la date butoir.

«Nous avons examiné toutes les solutions possibles et en aucun cas nous ne pouvons donner plus de temps au Congrès pour résoudre ce problème», a dit M. Geithner à la presse.

Pour sa part, le PDG de la banque américaine JPMorgan Chase s'est inquiété de l'impasse politique persistante. Selon le banquier, un défaut de paiement pourrait être une «catastrophe».

Jeudi encore, le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a exhorté les élus à entendre le message des agences de notation, qui menacent d'abaisser la note des États-Unis sur la dette.

Après Moody's qui a annoncé mardi avoir mis sous surveillance l'État fédéral américain, c'est Standards & Poor's qui a averti jeudi qu'elle envisageait d'abaisser la note des États-Unis.

De son côté, la Chine a demandé aux États-Unis «d'adopter des mesures (...) pour préserver les intérêts des investisseurs».

Face à la pression et aux déclarations alarmantes, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, avait affirmé jeudi avant la réunion que «malgré tout, des progrès ont été effectués».

Les négociations à Washington portent sur le plafond de la dette fédérale autorisé par la loi. Le maximum, 14 294 milliards de dollars, est déjà atteint depuis la mi-mai.

Le Trésor a contourné le problème par des mesures techniques permettant de maintenir la dette américaine sous la barre légale, mais il estime ne pas pouvoir tenir au-delà du 2 août.

Risque de récession avertit le FMI

Les défauts de paiement des États provoquent généralement des récessions, ont conclu deux économistes du Fonds monétaire international dans une étude publiée jeudi.

«Les occurrences des défauts sont associées à de profondes récessions», écrivent ces économistes, Enrique Mendoza et Vivian Yue, dans un article intitulé «Un modèle général d'équilibre des défauts des États et des cycles d'activité».

«En moyenne, le PIB et la consommation descendent environ 5% sous leur tendance», ont-ils calculé à partir de 23 épisodes entre 1977 et 2009, dont la moitié en Amérique latine.

«L'emploi tombe à un niveau inférieur d'environ 15% à celui des trois ans avant les défauts. Les exportations nettes (exportations moins importations, ndlr) bondissent d'environ 10 points de pourcentage par rapport au PIB en l'espace de deux trimestres avant et après le défaut», ont-ils poursuivi.

Les deux chercheurs définissent un modèle économétrique mesurant les effets d'un défaut d'un État sur l'activité des entreprises du pays. Ils met en évidence un «puissant mécanisme d'amplification financière» dans lequel le renchérissement du coût de l'argent pénalise les producteurs.

Le FMI a appelé les États-Unis, à plusieurs reprises depuis fin juin, à trouver au plus vite un compromis qui permettrait d'éviter la perspective d'un défaut dû au plafond légal de la dette.

Dans le cas de la Grèce, après avoir fermement exclu toute restructuration de la dette publique, l'institution a admis début juillet que des efforts des créanciers privés allaient devoir être nécessaires pour que l'État honore ses obligations.