Little City Gardens, la petite ferme urbaine grâce à laquelle la Ville de San Francisco a réformé sa réglementation sur l'agriculture, a maintenant le droit de vendre ses salades. Mais elle ne sait pas où elle pourra les faire pousser après le mois d'octobre. «On a un bail d'un an et demi, mais c'est un terrain privé, et le propriétaire veut le vendre. Son intention a toujours été claire. Il veut que ce soit construit», explique Brooke Budner, l'une des deux associées de la ferme.

Les deux femmes qui ont lancé Little City Gardens cherchent donc un terrain où elles pourront déménager, ce qui n'est pas simple, car tout terrain urbain vaut cher.

Même la ferme de Hayes Valley, plus proche du centre-ville, ne sait pas jusqu'à quand elle pourra rester sur le terrain qu'elle occupe actuellement - où s'étendait autrefois une bretelle d'autoroute -, car les projets de construction suspendus il y a quelques années pourraient être relancés d'ici peu. Là aussi, on cherche activement d'autres solutions. Certaines sont déjà envisagées, à quelques coins de rue du lieu actuel. Aussi, la ferme laissera probablement des traces, car les plans des nouveaux immeubles résidentiels pourraient intégrer de l'agriculture urbaine.

Toutefois, une chose est sûre: l'agriculture en ville est encore une tâche incertaine.

Il ne faut pas s'étonner, dans une logique économique, que les propriétaires privés préfèrent ériger des immeubles commerciaux ou résidentiels plutôt que de laisser la terre à la culture, note Mme Budner. Sauf que la Ville de San Francisco tient à promouvoir l'agriculture. D'où ce projet, lancé il y a deux ans, de répertorier tous les espaces utilisables - terre-pleins, bordures, etc. «Il y a quand même beaucoup de terrains publics non utilisés», précise Dana Perls, de l'Alliance, qui suit ce dossier de près.

Brooke Budner ajoute que le mouvement pro-agriculture explore aussi avec la Ville la possibilité de mesures fiscales pour encourager les propriétaires à réserver leurs terrains aux légumes même si, de prime abord, cela peut sembler coûteux.

«La Ville nous aide beaucoup, dit Mme Budner, et elle veut protéger sa réputation de ville pro-agriculture urbaine.»