Michele Bachmann s'est lancée avec énergie cette semaine dans la course à la Maison Blanche, mais la candidate ultraconservatrice du «Tea party» devra encore convaincre pour espérer battre ses opposants républicains, selon des experts.

«Barack Obama sera le président d'un seul mandat», a répété Michele Bachmann lors de chacune de ses interventions, reprise en coeur par la foule, dans l'Iowa (centre), le New Hampshire (nord-est) et la Caroline du Sud (sud-est) où elle bouclait mercredi soir son tour de chauffe présidentiel.

Évitant de s'en prendre pour le moment à ses rivaux républicains, Mme Bachmann s'est présentée comme une candidate présidentiable résolument à droite. «Lorsque je serai présidente des États-Unis, vous ne me verrez pas voyager à travers le monde pour présenter mes excuses pour les États-Unis», a-t-elle affirmé mercredi.

Bonne oratrice, à l'aise sur une scène, la candidate s'est adressée lors de sa tournée à ses sympathisants, souvent enthousiastes, sur des parkings, dans un jardin public, ou encore dans le jardin d'une propriété privée.

Mais les experts restent encore prudents voire perplexes quant à ses chances de réussir à décrocher l'investiture républicaine.

«Bachmann, comme Sarah Palin (sa rivale du «Tea party») n'est pas une candidate sérieuse», explique Thomas Mann, politologue au cercle de réflexion Brookings Institution.

«Pourtant, étant donné les candidats et le conservatisme extrême de ceux qui sont susceptibles de participer aux primaires (...), sa nomination (comme candidate du parti) n'est pas exclue», estime-t-il. «Improbable oui, mais impossible non», dit-il.

Tim Hagle, spécialiste de la politique américaine à l'Université de l'Iowa, estime pour sa part que «ses résultats (...) dépendront aussi de ce que feront les autres candidats». Pour lui, le favori actuel Mitt Romney pourrait avoir ses chances en se concentrant davantage sur l'Iowa.

Mais pour M. Hagle, «si Michele Bachmann est capable de capitaliser sur son succès actuel (...) elle semble bien placée pour bien se débrouiller».

Michele Bachmann, née à Waterloo (Iowa) il y a 55 ans, a choisi sa ville natale pour donner le coup d'envoi officiel de sa campagne.

Or, en politique présidentielle américaine, tout commence par l'Iowa où se déroulera le premier «caucus» en février 2012 visant à sélectionner un candidat pour affronter M. Obama. Selon un sondage du Des Moines Register publié samedi soir, Mme Bachmann est au coude à coude dans l'Iowa avec Mitt Romney.

Mardi, un nouveau sondage dans le New Hampshire a confirmé la progression de Mme Bachmann, qui monte de huit points à 11% depuis le mois de mai, alors que M. Romney se stabilise à 32%, ne gagnant qu'un point depuis le mois dernier.

La candidate doit toutefois affronter les critiques des médias au sujet de ses gaffes. Mme Bachmann a par exemple confondu cette semaine le lieu de naissance de l'icône du cinéma américain John Wayne avec celui d'un tueur en série homonyme.

Dimanche, sur Fox News, le présentateur Chris Wallace lui a demandé de façon provocatrice: «êtes-vous une excentrique?». Il a présenté ses excuses plus tard.

La presse américaine a par ailleurs relayé une information selon laquelle Mme Bachmann aurait bénéficié de subventions versées à une ferme familiale, ce qu'elle réfute catégoriquement en soulignant qu'elle n'est pas propriétaire de la ferme.

Mercredi, c'était au tour de son mari, Marcus Bachmann, un thérapeute, d'être la cible des médias car ce dernier aurait touché 137 000 dollars du Medicaid (assurance santé des plus démunis) pour le traitement de ses patients alors que Mme Bachmann dénonce les excès de l'État-providence.