Une course à l'issue très incertaine se prépare pour départager les nombreux candidats républicains prêts à affronter Barack Obama lors de la présidentielle américaine de 2012, dont aucun ne fait figure de candidat naturel du parti.

L'un des poids lourds du parti, l'ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney, vient d'annoncer qu'il se portait pour la deuxième fois candidat à l'investiture, à 17 mois d'une élection qui verra le président américain solliciter un second mandat. Il en a profité au passage pour accuser Barack Obama de pratiquer un socialisme de style européen.

L'égérie de la droite ultra-conservatrice, Sarah Palin, qui n'a pas dévoilé ses intentions, effectue une tournée des hauts lieux de l'histoire américaine qui ressemble à s'y méprendre à une précampagne.

Quant à l'ancien gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty, il courtise les chrétiens conservateurs et arpente l'Iowa, premier État à organiser des primaires en février.

Dernier candidat en date à se lancer, le favori des chrétiens évangéliques, l'ex-sénateur Rick Santorum, a lancé sa campagne lundi, affirmant à la chaîne ABC, qu'il entrait dans la course «pour gagner», malgré des sondages encore peu favorables.

Deux questions cruciales se posent sur l'investiture républicaine: d'une part, le parti, tiré vers la droite par le «tea party» (ultra-conservateur), peut-il mobiliser suffisamment alors que l'élection se joue traditionnellement au centre? D'autre part cette campagne en vaut-elle la peine, face à un président qui excelle en campagne, dont le trésor de guerre pourrait atteindre le milliard de dollars et qui compte profiter de tous les avantages de sa position à la Maison-Blanche?

En mai, la cote de popularité de M. Obama a atteint des sommets après l'élimination d'Oussama ben Laden par un commando américain. Mais «si l'économie ne s'améliore pas ou si elle commence à se détériorer, le président n'a pas un gros matelas de sécurité», souligne Costas Panagopoulos, professeur à la Fordham University de New York. «Cela crée une ouverture naturelle à n'importe quel candidat républicain».

Parmi ces derniers cependant, aucun ne se détache du lot et la base du parti est divisée.

Mitt Romney a indéniablement des allures de présidentiable avec sa coupe impeccable et sa mâchoire carrée. Mais ce millionnaire a des handicaps, comme sa réputation de girouette politique ou le système de couverture santé qu'il a mis en place dans le Massachusetts et qui ressemble beaucoup à celui d'Obama, ce qui ne plaît guère aux conservateurs.

Dans une moyenne de sondages sur la primaire républicaine publiée par le site RealClearPolitics, il arrive en tête face à ses rivaux, mais avec seulement 17% des suffrages.

Il pourrait être mis en danger par Tim Pawlenty si celui-ci l'emporte dans la primaire de l'Iowa, un État où M. Romney avait fait activement campagne en 2008, mais qui lui avait quand même échappé.

Quant au mouvement du «tea party», animé par des conservateurs qui reprochent à Obama trop d'interventionnisme de l'État, il ne s'est pas encore choisi de porte-drapeau.

Mme Palin, ex-candidate à la vice-présidence, a la capacité d'enflammer les foules conservatrices, mais beaucoup doutent de ses chances de remporter l'élection générale. Une de ses anciennes protégées, Michele Bachmann, pourrait faire figure d'alternative.

L'ex-gouverneur de l'Utah Jon Huntsman paraît, lui, capable de plaire aux électeurs centristes dans l'élection générale, mais gros handicap aux yeux des conservateurs, il a été l'ambassadeur d'Obama en Chine.

Restent l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, dont la campagne connaît un démarrage laborieux, le libertarien Ron Paul, et peut-être l'ancien maire de New York Rudy Giuliani, malgré la défaite cuisante qu'il a essuyée en 2008.