Des milliers d'Américains se sont rassemblés spontanément devant la Maison Blanche dimanche soir pour crier leur joie après l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden. «On l'a attendu si longtemps», dit un étudiant pendant que la foule chante «USA, USA».

«Je n'ai jamais ressenti pareille émotion», confie John Kelley, un étudiant de 19 ans originaire du New Jersey, près de New York. «C'est quelque chose que nous avons attendu si longtemps. Quand j'ai appris la nouvelle, j'avais les jambes qui tremblaient».

«Dès que j'ai appris la nouvelle, raconte-t-il, «j'ai appelé mon meilleur ami qui a perdu son frère dans les attentats du 11-Septembre. Il était submergé de joie. C'est trop beau pour être vrai, je n'arrive pas y croire», dit-il.

Derrière lui, un jeune homme crie dans son téléphone: «On l'a eu!». Des étudiants reprennent le slogan de campagne de Barack Obama pour l'accomoder à la nouvelle du jour: «Yes we can, yes we did» («Nous le pouvons, nous l'avons fait). D'autres chantent l'hymne américain.

La foule est très jeune. Beaucoup ont revêtu un sweat-shirt «USA», certains, le maillot de foot des États-Unis. Le sourire aux lèvres, dans les cris, on se fait prendre en photo devant la Maison Blanche pour marquer ce jour historique, dans une ambiance de kermesse digne d'une victoire du Superbowl.

Dans l'espoir de se faire entendre par le président américain, des étudiants hurlent «On annule les examens», qui commencent dans quelques semaines.

Anna Howell, 27 ans, est venue avec son mari. Ils regardent la foule, un peu à l'écart, en agitant leurs petits drapeaux. «C'est génial, quelle joie pour les familles qui ont perdu des proches le 11-Septembre», dit-elle. «Ce n'est pas tous les jours que l'Amérique communie ainsi».

Elle habite Alexandria, dans la banlieue de Washington, tout près du Pentagone, le siège du ministère de la Défense pris pour cible le 11-Septembre. Aurait-elle préféré que Ben Laden soit capturé vivant ? «Mort ou vivant, ça m'est égal. Ils l'ont eu, c'est ça qui compte», répond-elle avant de réfléchir: «Ca aurait été beau de le traîner en justice».

A côté, un jeune homme n'est pas d'accord. Il exhibe une pancarte en carton sur laquelle il a écrit au feutre noir: «On s'est débarrassé de cette ordure de Ben Laden».

Dans les rues de Washington qui donnent sur la Maison Blanche, les Américains arrivent par grappes. Des taxis remplis klaxonnent comme pour un mariage. Jon Garcia, un étudiant de 19 ans est venu devant la Maison Blanche pour «faire partie de l'Histoire».

«Je ressens un sentiment de justice. Ca a pris tellement de temps mais nous l'avons eu. Ce n'est que justice pour les familles endeuillées par le 11-Septembre», dit-il. «Ca donne un sens à notre mission en Afghanistan», ajoute-t-il.

David Abel, un «fan d'Obama» d'une quarantaine d'années, est «partagé». «Pour beaucoup de gens c'est une victoire symbolique. Mais c'est trop égoïste. On chante "USA, USA", on ne pense qu'à nous, on oublie le reste du monde», regrette-il avant de rejoindre son hôtel.