À partir de vendredi la vie devrait être moins éprouvante pour Bradley Manning, le soldat américain soupçonné d'être l'informateur de Wikileaks, affirme le Pentagone.

Il pourra bavarder avec ses co-détenus et aller en récréation 3 heures par jour.

Transféré il y a huit jours dans la prison militaire flambant neuve de Fort Leavenworth (Kansas, centre), Bradley Manning, 23 ans, a été placé sous un régime de détention dit « moyen », ont annoncé les autorités militaires jeudi à la presse.

Finis donc, expliquent les responsables de la prison et le Pentagone, l'isolement et le régime ultrarestrictif auquel il était soumis depuis huit mois à Quantico, près de Washington et qui ont valu à l'armée américaine les critiques du monde entier.

« Il est très rare que nous fassions entrer la presse dans une prison militaire mais nous pensons qu'il est important que le public sache quelles sont les conditions de détention ici », explique Thomas Collins, un porte-parole du Pentagone à l'issue d'un longue visite de cette prison ouverte en octobre 2010.

« Ici », les murs sont peints de frais, le gymnase a l'odeur entêtante du plastique neuf, l'espace extérieur comprend un terrain de football et deux terrains de basket. La prison ultra-moderne accueille 140 militaires condamnés à moins de cinq ans de prison et 10 soldats comme Bradley Manning en détention provisoire avant leur procès.

Bibliothèque, salle de radiologie, clinique dentaire, salon de coiffure, droit de visite quotidienne, téléphone payant mais illimité...

L'établissement est un modèle du genre, soupire sa responsable, la colonel Dawn Hilton. « C'est une chance énorme pour assurer un bon traitement mais aussi de bonnes conditions de sécurité », dit-elle en entrant dans une salle de kinésithérapie suréquipée.

La cellule de 8m2 dans laquelle Bradley Manning va vivre pendant sa détention provisoire à Fort Leavenworth, et que la presse ne peut voir qu'en photo, est assez classique: un lit, des toilettes en métal soudées au mur, un placard, un tabouret et une table.

Mais par rapport à ceux qui ont été condamnés, ceux qui sont encore « présumés innocents » ont « une fenêtre sur l'extérieur », répète Dawn Hilton.

S'il ne commet pas d'écart disciplinaire, le jeune soldat en uniforme de prisonnier beige et kaki et dont le sourire juvénile a fait le tour du monde, devrait être placé dans « un quartier comptant quatre cellules et un espace de vie commune, avec deux douches, une télévision » et aura le droit de regarder deux films le week-end.

Lever à 5 h du matin, coucher à 22 h, sa journée sera rythmée presque au quart d'heure près entre les repas dans la cantine éclairée par de la lumière naturelle, les activités de ménage, les récréations et la bibliothèque - sans accès internet - et les visites.

Si en revanche « un détenu choisit d'enfreindre les règles », expliquent les responsables de la prison, l'uniforme devient orange, la fréquence des douches se raréfie et les récréations sont drastiquement réduites.

Son droit de visite deviendra « sans contact », ce qui signifie qu'il ne pourra avoir que deux visiteurs à la fois, derrière une vitre.

Mais dans l'immédiat, Bradley Manning pourra recevoir jusqu'à cinq personnes et aller se chercher une canette dans un distributeur situé dans le parloir. « Il n'y a pas de limite à la liste de visiteurs qu'un prisonnier requiert », explique Dawn Hilton, « En général, on évite juste qu'ils rencontrent les victimes ou les témoins ». « Les journalistes sont interdits », précise-t-elle.