Le président américain Barack Obama a annoncé jeudi le remaniement en profondeur de son équipe de défense et de renseignement, confiant en particulier à ces nouveaux responsables la mission de gérer la transition en Afghanistan.

Lors d'une cérémonie à la Maison-Blanche, le président a confirmé qu'il remplaçait le secrétaire à la Défense Robert Gates par l'actuel directeur de la CIA Leon Panetta. Il a nommé le général David Petraeus, chef des forces internationales en Afghanistan, à la tête de la centrale du renseignement.

M. Obama a aussi énoncé sa volonté de remplacer le général Petraeus en Afghanistan par le général John Allen, numéro deux du commandement militaire américain dirigeant les opérations dans tout le Moyen-Orient et l'Asie du Sud, et nommé le diplomate Ryan Crocker au poste d'ambassadeur en Afghanistan.

Dans ce pays, «nous sommes en train de passer à une nouvelle phase, le transfert des responsabilités de sécurité aux forces afghanes, en commençant à réduire le nombre de forces américaines cet été et en oeuvrant à un partenariat à long terme avec les Afghans», a affirmé M. Obama.

En présentant fin 2009 sa nouvelle stratégie dans la région du Pakistan et de l'Afghanistan, M. Obama avait envoyé 30 000 soldats supplémentaires dans ce dernier pays et fixé à juillet 2011 un début de retrait de ces forces.

La grande inconnue reste l'étendue de ce retrait, alors que les soldats des forces internationales, au nombre de 140 000, dont près de 100 000 Américains, sont toujours confrontés à une insurrection meurtrière près de 10 ans après le début de l'intervention étrangère dans ce pays dans la foulée du 11-Septembre.

Intervenant après le président, le général Petraeus s'est dit «prudemment optimiste» à propos des avancées sur le terrain et a évoqué des «gains durement gagnés» par les soldats.

M. Crocker, un ancien chef de mission diplomatique en Irak et au Pakistan, va remplacer à Kaboul Karl Eikenberry, dont les relations avec le président afghan Hamid Karzaï sont, de notoriété publique, très tendues.

La situation en Afghanistan est au coeur de ce jeu de chaises musicales, qui illustre aussi, dans le cas de MM. Panetta et Petraeus, un effacement de la frontière entre les opérations de l'armée régulière et celles, clandestines, du renseignement.

La Maison-Blanche espère voir M. Panetta, dont l'une des missions sera de poursuivre les mesures d'économies budgétaires entreprises par son prédécesseur, prendre ses fonctions dans la foulée du départ de M. Gates le 30 juin, et M. Petraeus s'installer à la CIA en septembre après avoir pris sa retraite de l'armée.

M. Obama a chanté les louanges des quatre responsables nouvellement nommés. «Je ne peux pas penser à un groupe d'individus mieux qualifiés pour diriger notre équipe de sécurité nationale en ces moments difficiles», a-t-il affirmé.

Il a aussi rendu un hommage appuyé à M. Gates, un républicain nommé par son prédécesseur George W. Bush en 2006 et qui avait annoncé de longue date sa volonté de prendre sa retraite.

«Tous les Américains doivent savoir que parce qu'il a aidé à mettre fin de façon responsable à la guerre en Irak, nous sommes en meilleure posture pour soutenir nos soldats et gérer la transition en Afghanistan», a ajouté M. Obama à propos de M. Gates, 67 ans.

Toutes ces nominations devront être confirmées par le Sénat, où elles ont reçu un accueil généralement positif de la part des démocrates comme des républicains.

«Il faut saluer le président pour avoir choisi la compétence et la continuité», a déclaré le chef de la minorité républicaine à la chambre haute, Mitch McConnell.