Avec sa mèche flamboyante, son populisme isolationniste et sa hargne contre Barack Obama «l'étranger», le milliardaire Donald Trump grimpe dans les sondages et menace de se présenter en indépendant à la présidentielle américaine si les républicains ne le soutiennent pas.

En moins d'un mois, le promoteur de 64 ans connu pour ses multiples mariages, ses gratte-ciel tout en dorures et son émission de télé-réalité, est passé de 10 à 19% de soutien parmi les électeurs républicains, selon un sondage commandé par CNN.

Il arrive à égalité avec Mike Huckabee, également crédité de 19% d'intentions de vote pour les primaires, devant l'ancienne candidate à la vice-présidence Sarah Palin (12%) et l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney (11%).

420e fortune mondiale en 2011 avec 2,7 milliards de dollars selon le classement du magazine Forbes, Donald Trump, surnommé «The Donald», n'annoncera son éventuelle candidature que «quelque part vers le mois de juin», dit-il dans les nombreuses interviews qu'il donne à ce sujet.

Mais il parle déjà comme un candidat. «Je hais ce qui arrive à notre pays, Obama fait un boulot terrible», assure-t-il cette semaine dans une interview au Wall Street Journal. «Personne ne comprend ce qu'il est en train de faire», poursuit-il, réaffirmant une de ses convictions, à savoir que l'actuel président américain n'est pas né sur le sol américain et qu'il n'aurait de ce fait pas le droit d'occuper la Maison Blanche.

Les credos de Trump sont connus: l'Amérique est pillée et s'est vendue à la Chine, le départ des Américains d'Irak va être immédiatement suivi de l'arrivée de l'Iran «qui va s'emparer de 15 milliards de dollars de pétrole». «Nous sommes devenus la risée de la planète, des punching-balls», a-t-il déclaré récemment sur la chaîne conservatrice Fox.

«Notre pays est mis à mal et a besoin d'aide (...) moi je suis très bon en politique étrangère et je suis un excellent homme d'affaires», assure-t-il.

Selon le directeur des sondages de CNN Keating Holland, «4 républicains sur 10 n'aimeraient pas voir Trump comme candidat républicain.» Et analysant la position de Mitt Romney, passé de 18 à 11% dans le même sondage, Keating Holland ajoute: «Est-ce que les républicains vont passer de Romney à Trump ? Quelques uns peut-être, mais c'est beaucoup plus compliqué que ça».

Qu'à cela ne tienne, Donald Trump pourrait alors envisager de se présenter en candidat indépendant. «Quelques sondages montrent que je pourrais gagner comme indépendant», assure-t-il dans l'interview au WSJ.

Interrogé par le quotidien USA Today mardi, le promoteur se dit prêt à dépenser 600 millions de sa fortune personnelle pour une campagne électorale. Mais il veut aussi lever des fonds. «Je crois qu'il est important pour les électeurs d'investir pour donner une direction au pays», lance-t-il.

Certains analystes expliquent la montée de Donald Trump par sa forte présence médiatique et ses déclarations à l'emporte-pièce qui plaisent à une frange de l'électorat conservateur, qui rêve sans doute de l'entendre dire à Barack Obama la phrase qui ponctue son émission de télé-réalité, «The Apprentice»: «you're fired!» (vous êtes viré).

Un conseiller du président américain Barack Obama, David Plouffe, a jugé dimanche dernier que le magnat de l'immobilier faisait «son numéro». «Donald Trump n'a absolument aucune chance d'être engagé par les Américains pour ce job», de président, a-t-il ajouté.