Barack Obama a plongé hier dans une nouvelle bataille budgétaire, proposant de réduire le déficit budgétaire des États-Unis de 4000 milliards de dollars sur 12 ans, un objectif qu'il compte réaliser en partie grâce à une hausse des impôts des contribuables américains les plus fortunés.

«En décembre, j'ai accepté de prolonger des allégements fiscaux pour les Américains les plus fortunés parce que c'était la seule façon d'empêcher une augmentation des impôts de la classe moyenne. Mais nous n'avons pas les moyens d'accorder une réduction d'impôts de 1000 milliards de dollars à chaque millionnaire et milliardaire de notre société. Et je refuse de les renouveler», a déclaré le président démocrate lors d'un discours à l'Université George-Washington.

Le plan d'austérité de Barack Obama se voulait une réplique au projet budgétaire présenté la semaine dernière par le représentant républicain Paul Ryan, qui prévoit une réduction du déficit de 4400 milliards de dollars sur 10 ans.

Contrairement au plan Obama, le plan Ryan entend combiner des allégements fiscaux avec une réforme complète des programmes d'assurance santé Medicare et Medicaid.

Cette bataille budgétaire, qui suit de près l'accord intervenu vendredi soir sur le budget 2011, retiendra l'attention de Washington au cours des prochains mois et aura un impact sur l'élection présidentielle de 2012.

La «machette» et le «scalpel»

Outre une hausse des impôts décriée aussitôt par les républicains, le plan Obama prévoit des économies sur des postes de dépense non liés à la sécurité, des coupes dans les programmes d'assurance santé Medicare et Medicaid et une réduction des dépenses militaires.

Dans son discours, le président démocrate a dénoncé la réforme de Medicare et Medicaid proposées par les républicains, estimant que ceux-ci voulaient utiliser une «machette» plutôt qu'un «scalpel» pour faire des coupes dans des programmes destinés aux personnes âgées et démunies. Il a également critiqué les réductions d'impôts voulues par les républicains.

«Il n'y a rien de sérieux dans un plan qui prétend réduire le déficit en dépensant 1000 milliards de dollars en réductions d'impôts pour millionnaires et milliardaires. Il n'y a rien de courageux dans le fait de demander des sacrifices à ceux qui en ont le moins les moyens et qui n'ont pas d'influence au Capitole», a déclaré Barack Obama.

Avant même le discours du président, les dirigeants républicains du Congrès ont promis de s'opposer à toute augmentation des impôts.

«Nous n'avons pas un déficit parce que les Américains sont trop peu imposés. Nous avons un déficit parce que Washington dépense trop», a déclaré le président de la Chambre des représentants, John Boehner.

Plafond de la dette

Cette bataille budgétaire en cache une autre, qui portera, celle-là, sur le relèvement du plafond de la dette. À la mi-mai, le président devra demander au Congrès de relever ce plafond, aujourd'hui fixé à 14 200 milliards de dollars, faute de quoi l'État américain pourrait se retrouver en état de non-paiement, un scénario qui serait «apocalyptique» selon le secrétaire au Trésor américain Tim Geithner.

Or les républicains du Congrès ont l'intention de réclamer, en échange de leur accord à un relèvement du plafond de la dette, des coupes encore plus sévères que celles prévues dans l'accord couvrant les derniers mois de l'exercice budgétaire 2011.

EN BREF

Objectif : 4000 milliards d'économies sur 12 ans

Coupes dans les dépenses discrétionnaires: 1000 milliards de dollars

Coupes dans les dépenses de santé: 480 milliards

Réduction des dépenses militaires: 400 milliards

Augmentation des recettes fiscales: 1000 milliards

Réduction du service de la dette: 1000 milliards de dollars