Le New Hampshire est un État frontalier du Québec, mais on peut difficilement imaginer deux voisins aussi différents. L'État américain, dont la devise est «vivre librement ou mourir» («Live Free or Die»), a un fardeau fiscal très faible, une dépendance à l'énergie nucléaire et un taux de décrochage scolaire inférieur à 1%. Entretien avec John Lynch, gouverneur du New Hampshire depuis 2004.

Q Le taux de décrochage au secondaire au New Hampshire a récemment baissé pour atteindre 0,97%. Au Québec, il est de 18,4%. Quelle est votre recette?

R Nous avons haussé l'âge obligatoire pour aller à l'école de 16 à 18 ans. L'ancienne loi datait de 1903. À cette époque, un jeune de 16 ans pouvait trouver un emploi dans les usines. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Nous avons aussi investi dans la formation alternative, les programmes techniques et l'apprentissage en ligne. En 2012, notre objectif est de ramener le taux de décrochage à 0%.

Q En cette période austère pour les finances publiques, pourquoi le New Hampshire n'a-t-il pas d'impôt sur le revenu de ses résidents ni de taxes à la consommation?

R Ne pas avoir d'impôts d'État nous permet d'attirer des travailleurs qualifiés. Sans eux, c'est difficile d'attirer des entreprises. La Réserve fédérale estime que nous avons eu la plus grande croissance économique parmi les 50 États américains l'an dernier et que la même chose devrait se produire cette année.

Q Le New Hampshire obtient le tiers de son énergie de la centrale nucléaire de Seabrook. La crise au Japon vous fait-elle réfléchir sur les dangers du nucléaire? Hydro-Québec et ses partenaires américains veulent construire une ligne de transport dans votre État d'ici 2015. Est-ce que vous ne préféreriez pas consommer davantage d'hydroélectricité?

R Nous n'avons pas à choisir entre l'hydroélectricité et le nucléaire. Je compatis avec les Japonais, mais les derniers événements ne changent pas mon opinion: nous devons continuer de nous assurer que nous exploitons l'énergie nucléaire de façon sécuritaire et la centrale nucléaire de Seabrook a toujours été très sécuritaire.

Q Durant les primaires démocrates de 2008, vous êtes resté neutre et votre femme a appuyé Hillary Clinton. Comment évaluez-vous la performance de Barack Obama après deux ans et demi à la Maison-Blanche?

R Le président Obama a fait du bon travail dans une situation difficile. Il a dû gérer plusieurs crises quand il est arrivé. Sur la scène internationale, il y a eu l'Irak, l'Afghanistan, le Moyen-Orient, les difficultés au Pakistan. Il a aidé à restaurer notre économie: le taux de chômage commence à diminuer, l'économie reprend, la Bourse est en hausse. Durant les primaires, je suis resté neutre parce que je me vois comme un ambassadeur pour tous les candidats présidentiels, démocrates comme républicains. Je présente souvent des candidats républicains avant leur discours. Je veux que tous les candidats se sentent chez eux au New Hampshire, qu'ils parlent aux gens dans leur cuisine et non qu'ils restent derrière leur périmètre de sécurité. La prochaine fois, je vais appuyer Barack Obama. J'imagine que ma femme va le faire aussi, mais je ne lui en ai pas parlé...