Les États-Unis ont réussi à éviter une catastrophe humanitaire en intervenant en Libye, a affirmé Barack Obama hier soir, défendant vigoureusement les frappes américaines contre les forces loyales à Mouammar Kadhafi, qu'il a qualifié de «tyran».

«Ce soir, je suis en mesure de dire que nous avons stoppé la progression meurtrière de Kadhafi», a déclaré le président américain devant un parterre d'officiers à l'Université de la défense nationale à Washington.

Critiqué pour n'avoir pas expliqué assez clairement les enjeux et les limites de la mission en Libye, le président a fait valoir que cette intervention militaire était à la fois dans l'intérêt national des États-Unis et une expression des valeurs de ce pays.

«Nous savions que si nous attendions un jour de plus, Benghazi - ville presque aussi grande que Charlotte - aurait pu subir un massacre qui aurait eu des répercussions dans la région et entacher la conscience mondiale. Ce n'était pas dans notre intérêt national de laisser cela se produire. J'ai refusé de laisser cela se produire», a déclaré Barack Obama lors d'un discours retransmis en direct par plusieurs chaînes de télévision américaines.

Les Américains sceptiques

Le président démocrate s'adressait directement à ses compatriotes pour la première depuis le début de l'opération Aube de l'odyssée. Un sondage publié plus tôt dans la journée par le Pew Research Center indiquait que les Américains étaient sceptiques quant au bien-fondé de la campagne militaire: seulement 47% d'entre eux l'approuvaient.

Barack Obama s'est efforcé de gagner les Américains à son point de vue en rappelant le rôle des États-Unis «comme point d'ancrage de la sécurité internationale» et comme défenseur des «libertés fondamentales».

«Rejeter la responsabilité de l'Amérique comme leader et - plus profondément - nos responsabilités à l'égard de nos prochains dans de telles circonstances aurait été une trahison de ce que nous sommes. Certains pays sont peut-être capables de fermer les yeux sur les atrocités dans d'autres pays. Les États-Unis sont différents», a-t-il dit.

Le président a répété que le rôle des États-Unis dans la campagne aérienne sera «limité» et que l'objectif de l'opération n'est pas un changement de régime à Tripoli. Il a cependant énuméré certaines mesures qui pourraient accélérer la chute du dirigeant libyen, dont le gel de ses avoirs et l'aide à ses opposants.

«La transition conduisant à un gouvernement légitime répondant aux attentes du peuple libyen sera une tâche difficile, a déclaré Barack Obama. Même après le départ de Kadhafi, 40 ans de tyrannie auront laissé la Libye fracturée et sans institutions civiles fortes.»