Le président Barack Obama devait défendre lundi sa décision de faire participer les États-Unis aux opérations militaires en Libye, face à des compatriotes réservés quant au bien-fondé d'une nouvelle intervention au Moyen-Orient.

M. Obama a eu plusieurs fois l'occasion de s'exprimer face à la presse sur l'ouverture il y a dix jours d'un troisième théâtre officiel d'opérations de l'armée américaine, après l'Irak et l'Afghanistan.

Toutefois, en déplacement en Amérique latine pendant cinq jours, il ne s'était pas encore adressé directement aux Américains.

Ce sera le cas à partir de 19H30 lorsque le président prendra la parole à l'Université de Défense nationale à Washington, un discours retransmis à la télévision.

«Le président va tenir les Américains au courant de nos opérations en Libye, notamment de la mission que nos soldats et soldates accomplissent avec bravoure, du processus de transition à un commandement de l'Otan, et de ce que nous allons faire par la suite», a déclaré un haut responsable américain.

«Sur la base des déclarations qu'il a effectuées ces dix derniers jours, il dira comment nos opérations en Libye ont fait progresser nos intérêts et empêché une catastrophe», a ajouté ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Les Américains semblent pour le moins sceptiques à l'endroit des frappes en Libye: seuls 47% d'entre eux y sont favorables, selon un sondage publié le 22 mars par l'institut Gallup, qui observe qu'il s'agit du taux le plus faible en faveur d'une intervention à l'étranger depuis 40 ans.

Dimanche, les deux plus hauts responsables du gouvernement de M. Obama, la secrétaire d'État Hillary Clinton et le secrétaire à la Défense Robert Gates, ont donné un avant-goût de l'allocution présidentielle en allant défendre face aux caméras la décision de lancer les Etats-Unis dans l'opération en Libye.

M. Gates, en réponse aux critiques de parlementaires américains, a reconnu que Washington n'avait pas d'«intérêt vital» à préserver en Libye. Mais c'était pour mieux insister sur le risque de déstabilisation de l'Egypte voisine, qui est en revanche «une pièce centrale pour l'avenir» de la région.

Or d'après lui, la situation en Libye «risquait de mettre en danger» les révolutions encore «fragiles» en Tunisie et en Égypte, en provoquant un «exode massif» de réfugiés à leurs frontières.

L'Égypte est, avec la Jordanie, l'un des deux seuls pays arabes à avoir signé une paix avec Israël, et est le principal allié de Washington dans le monde arabe.

L'intervention internationale a également permis de prévenir une «catastrophe humanitaire» et un «massacre à grande échelle» en Libye, a expliqué la secrétaire d'Etat sur NBC, rappelant que le colonel Mouammar Kadhafi «avait l'intention, selon ses propres mots, de ne pas faire de quartier».

Les deux ministres, qui doivent témoigner mercredi à huis clos devant le Congrès, ont assuré que l'intervention de la coalition pour appliquer la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU se passait «bien».

M. Obama, qui a maintes fois juré qu'il était hors de question de déployer des troupes américaines au sol, avait exprimé le même optimisme que ses ministres lors de son allocution radiodiffusée hebdomadaire samedi.

«Nous sommes en train de réussir notre mission. Nous avons anéanti les défenses anti-aériennes de la Libye. Les forces de Kadhafi ne progressent plus», avait-il observé.