Sarah Palin n'a pas encore confirmé ses ambitions présidentielles, mais elle a déjà fait un pèlerinage dans un État que tous les aspirants à la Maison-Blanche, ou presque, se font un devoir de visiter, même si aucune primaire n'y a lieu: Israël.

Dimanche, au début d'un séjour «privé» de deux jours en Terre sainte, l'ex-candidate à la vice-présidence et son mari, Todd, se sont rendus au mur des Lamentations, dans la vieille ville de Jérusalem. Ils étaient accompagnés du vice-président de la Knesset, Danny Danon, qui fait partie de l'aile la plus à droite du Likoud. Le lendemain, le couple a été reçu à la résidence officielle du premier ministre Benyamin Nétanyahou à Jérusalem.

Sarah Palin a donc emboîté le pas à trois autres possibles candidats républicains à l'élection présidentielle de 2012: Mitt Romney, Mike Huckabee et Haley Barbour ont aussi visité Israël dans les derniers mois. Ce genre de pèlerinage n'est d'ailleurs pas l'apanage d'un seul parti, comme l'a notamment démontré le démocrate Barack Obama lors de sa campagne présidentielle de 2008.

Le phénomène n'a rien d'étonnant aux yeux de Josh Block, ancien porte-parole de l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), influent lobby pro-Israël de Washington.

«C'est un fait connu depuis longtemps que la très grande majorité des Américains sont plus susceptibles de voter pour un candidat au Congrès ou à la Maison-Blanche s'il est pro-Israël. Je ne parle pas de la communauté juive aux États-Unis, qui ne représente que 10% de la population. Je parle de la vaste majorité des Américains, a dit Block au cours d'un entretien téléphonique. Les Américains, qu'ils soient démocrates ou républicains, ne votent pas nécessairement pour un candidat en fonction de ses opinions sur Israël. Mais ils interprètent souvent les positions internationales d'un candidat par le prisme de ses opinions sur la relation israélo-américaine.»

Opinions controversées

Sarah Palin n'a pas répété, pendant son séjour en Israël, ses opinions les plus controversées sur le conflit israélo-palestinien. L'État hébreu peut notamment compter sur elle, aux États-Unis, pour défendre sa politique de colonisation en Cisjordanie occupée.

Mike Huckabee est un partisan encore plus enthousiaste de cette politique. Mais, contrairement à Sarah Palin, il ne s'est pas gêné pour le faire savoir lors de sa visite récente dans des implantations juives de Cisjordanie.

«Les Palestiniens ne devraient pas s'attendre à obtenir une partie de la terre d'Israël», a déclaré l'ancien gouverneur de l'Arkansas. Les Juifs, a-t-il dit, devraient pouvoir s'établir partout sur la «terre d'Israël biblique».

Un tel discours ne s'adresse pas aux Américains en général ni aux Américains juifs en particulier, selon Amy Spitalnick, porte-parole de J Street, lobby «pro-Israël, pro-paix» qui incarne le point de vue progressiste de la communauté juive américaine.

«Quand des politiciens comme Mike Huckabee et Sarah Palin se prononcent pour l'extension des implantations, ils cherchent à plaire à leur base, à leurs partisans les plus évangéliques et conservateurs. Mais ce genre de discours déplaît à plusieurs Américains juifs. Peu importe le nombre de visites que des candidats comme Huckabee ou Palin peuvent faire en Israël, la grande majorité des Américains juifs ne voteront jamais pour eux», a déclaré Amy Spitalnick.

En 2008, 78% des électeurs juifs ont voté pour Barack Obama.