Plusieurs membres du Congrès américain ont critiqué lundi l'administration du président Barack Obama concernant les frappes en Libye, craignant le début d'un conflit interminable et de possibles représailles libyennes.

Sur son flanc gauche, le président Obama a été critiqué par le représentant démocrate Michael Honda, pour qui ces frappes «envoient au monde le message que la démocratie américaine est profondément dysfonctionnelle», car seul le Congrès est habilité à déclarer la guerre par la Constitution américaine.

Le Pentagone a agi «en se fondant sur des considérations relatives à la sécurité énergétique, ce qui est particulièrement clair quand on sait que la Libye dispose des septièmes réserves mondiales de pétrole», a ajouté M. Honda, pour qui «le message est que l'Amérique fait peu de cas des droits de l'homme et de la liberté des peuples dans des pays comme la République démocratique du Congo, l'ouest du Soudan ou la Côte d'Ivoire, qui n'ont pas de ressources énergétiques cruciales».

La représentante républicaine Candice Miller, membre de la commission de la Sécurité intérieure de la Chambre, a jugé «très perturbant et inacceptable» que le président Obama ait agi sans avoir obtenu le consentement formel du Congrès.

«Concernant la Libye, nous demandons: quel est le but? Quel est notre rôle?», a déclaré le sénateur républicain John Barrasso sur la chaîne MSNBC, mettant en garde contre un «engrenage» qui pourrait obliger les forces américaines à rester engagées dans le conflit pendant «des semaines ou des mois».

La présidente républicaine de la commission des Affaires étrangères de la Chambre, Ileana Ros-Lehtinen, a estimé que Barack Obama devait «définir clairement quels intérêts vitaux pour la sécurité des États-Unis sont en jeu selon lui actuellement en Libye».

«Le président doit aussi garder à l'esprit les attentats menés par Kadhafi contre des cibles occidentales qui ont abouti à la mort d'Américains dans les années 1980», a-t-elle ajouté, en référence notamment à l'explosion d'un avion de la PanAm à Lockerbie en Écosse en 1988, qui avait tué 270 personnes, en majorité des Américains.

Dans un courrier adressé lundi au président républicain de la Chambre des représentants John Boehner et au président provisoire du Sénat Daniel Inouye, le président Obama explique que l'intervention américaine en Libye est dans l'intérêt de sécurité nationale des États-Unis.

«Sans une intervention, l'instabilité croissante en Libye pourrait conduire à une plus grande instabilité au Moyen-Orient, avec des conséquences dangereuses pour les intérêts de sécurité nationale des États-Unis», écrit Barack Obama.

Les opérations contre la défense antiaérienne et les aéroports libyens «seront limités dans leur nature, durée et étendue», écrit encore M. Obama.

«Les États-Unis mènent une mission limitée et bien définie en soutien aux efforts internationaux pour protéger les civils et prévenir une catastrophe humanitaire», ajoute le président américain.