L'armée américaine s'est excusée officiellement lundi «pour la souffrance» provoquée par des photos montrant des exactions qui auraient été commises par des soldats américains en Afghanistan.

«Nous présentons nos excuses pour la souffrance que provoquent ces photos», a indiqué l'armée dans un communiqué.

L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a publié lundi trois photos à charge contre des soldats américains accusés d'exactions en Afghanistan, dont il affirme que le Pentagone voulait empêcher la publication.

Sur deux des clichés, deux soldats américains se tiennent à côté d'un cadavre qui serait celui d'un civil assassiné de manière délibérée par leur unité et lui tirent la tête par les cheveux, comme s'il s'agissait d'un trophée.

Une douzaine de soldats de cette unité ont été poursuivis par la justice militaire et cinq d'entre eux doivent passer en cour martiale.

Selon l'accusation, les cinq soldats auraient organisé pour s'amuser le meurtre de trois civils afghans entre janvier et mai 2010, pendant leur déploiement dans la province de Kandahar, et auraient, pour certains d'entre eux, démembré des corps, conservé des parties de cadavres et pris des photos aux côtés des dépouilles.

Une troisième photo montre les cadavres de deux victimes, assises dos à dos, devant un blindé. Selon l'hebdomadaire, elle était en possession d'un des accusés.

Les agissements montrés sur ces photos «nous répugnent en tant qu'êtres humains et sont contraires aux principes et aux valeurs de l'armée des États-Unis», ajoute l'armée américaine dans son communiqué.

Ces actions font l'objet d'une enquête et une procédure est en cours devant une cour martiale, confirme le texte. «La procédure de la cour martiale est assez parlante», indique l'armée. «Les photos semblent en forte contradiction avec la discipline, le professionnalisme et le respect qui ont caractérisé (l'action) de nos soldats pendant près de dix ans d'opérations» en Afghanistan.

Le magazine allemand affirme avoir enquêté pendant cinq mois sur l'affaire du «Kill Team» (l'équipe de tueurs) et obtenir les photos.

Der Spiegel affirme que le Pentagone a tout fait pour éviter leur publication, craignant qu'elle ait le même effet que les photos prises par les gardiens américains de la prison d'Abou Ghraïb, en Irak, qui torturaient et humiliaient leurs prisonniers pour le plaisir.

«Nous n'en publions qu'une infime partie, trois sur quelque 4 000 photos et vidéos, juste ce qui est indispensable pour raconter l'histoire d'une guerre qui a commencé avec les meilleures intentions, qui devait chasser les terroristes d'Al-Qaïda d'Afghanistan, qui était autorisée par un mandat de l'ONU, mais qui est depuis longtemps devenue une autre guerre», écrit le magazine.

Selon lui, au sein de la brigade des accusés, ces photos «s'échangeaient comme des vignettes de collection de footballeurs célèbres».