L'administration Obama, qui a autorisé l'organisation de nouveaux procès militaires d'exception pour les détenus de Guantanamo, veut garder la possibilité de les juger devant des tribunaux de droit commun aux États-Unis, a affirmé jeudi un haut responsable du Pentagone.

Le président américain avait annoncé le 7 mars un décret prévoyant l'organisation de nouveaux procès pour crimes de guerre sur la base américaine de Cuba.

Lors d'une audition jeudi devant la commission de la Défense de la Chambre des représentants, le secrétaire adjoint à la Défense William Lynn a fait valoir que Barack Obama entendait garder la possibilité de les faire juger devant des tribunaux fédéraux sur le sol américain.

Il a critiqué les restrictions imposées par le Congrès interdisant le transfèrement de ces détenus sur le sol américain, même pour y être jugés.

«Nous devons garder à notre disposition tous les outils qui existent pour prévenir et combattre le terrorisme international et protéger notre pays, y compris la possibilité de poursuivre des terroristes devant un tribunal fédéral» de droit commun, a-t-il déclaré.

William Lynn a par ailleurs rappelé que le président avait signé un autre décret encadrant la détention illimitée de plus de 40 des actuels 171 détenus de Guantanamo, jugés trop dangereux pour être libérés mais contre lesquels les preuves sont insuffisantes ou non recevables.

Les mesures adoptées le 7 mars par Barack Obama, qui vont à l'encontre de sa promesse de campagne de fermer Guantanamo, n'ont pas suffi aux yeux des républicains du Congrès, qui ont présenté un projet de loi durcissant les conditions de la détention illimitée pour les détenus de Guantanamo.

Pour le principal juriste du Pentagone, Jeh Johnson, la loi autorisant l'entrée en guerre des Etats-Unis, adoptée le 14 septembre 2001 sous la présidence de George W. Bush, suffit et il n'y a pas besoin de légiférer à nouveau.

«Il y a un certain nombre de dispositions dans ce projet de loi auxquelles nous devrions, je pense, réfléchir et que nous devrions considérer avec précaution», a estimé Jeh Johnson.

Interrogé sur le projet de l'administration Obama de transférer dans une prison fédérale de l'Illinois (nord) les détenus de Guantanamo qui ne pourraient être rapatriés ou libérés dans un pays tiers, afin de fermer la prison militaire, M. Lynn a assuré que cette possibilité n'avait pas été abandonnée.

«Bien sûr, le Congrès a refusé pour l'instant, je ne pense pas que nous ayons changé d'avis mais nous avons besoin de convaincre davantage», a-t-il précisé.

«La prison de Guantanamo est faite pour les combattants ennemis, appartenant à l'ennemi tel qu'il a été défini par le Congrès, je pense que nous devons être prudents (...): toutes les actions du gouvernement contre une personne malintentionnée ou contre un terroriste ne doivent pas nécessairement être des actions militaires», a rappelé M. Johnson. «Nous devons faire attention à ne pas sur-militariser notre lutte antiterroriste».