Dans le district qu'il représente, des dizaines de pompiers, de policiers et d'employés de bureau ont péri dans les attaques du 11 septembre 2001.

Aujourd'hui, Peter King veut des réponses.

En lançant les audiences sur l'islam radical au Congrès américain, le représentant républicain du Long Island a réveillé des souvenirs douloureux.

Son enquête vise à évaluer «l'étendue de la radicalisation de la communauté musulmane américaine et la réponse de cette communauté» aux attaques du 11 septembre. Les détracteurs de King estiment que cet exercice stigmatise une communauté dont la vaste majorité collabore avec les autorités et condamne les actes de terrorisme.

«Tout le monde me recommande d'aller de l'avant, a lancé M. King cette semaine. Mon district, je crois, est un bon baromètre. Tout le monde connaissait au moins une personne morte le 11 septembre. C'est très personnel.»

Élu pour la première fois en 1992, Peter King est très populaire à Long Island: il a été réélu 10 fois et n'a jamais vécu d'élection serrée dans cette communauté ouvrière de la banlieue new-yorkaise.

Les audiences sur l'islam radical, dit-il, ne sont peut-être pas politiquement correctes, mais elles sont nécessaires afin de comprendre les causes du terrorisme et les méthodes de recrutement d'Al-Qaïda.

Or, le zèle du représentant et ses déclarations passées sur l'islam jettent des doutes sur l'impartialité de sa démarche. De plus, M. King n'a pas, comme politicien, une grande connaissance des minorités: la population de son district est blanche à 94%.

En 2007, il a déclaré: «Malheureusement, nous avons trop de mosquées aux États-Unis, trop de gens qui sympathisent avec l'islam radical.»

En janvier, Peter King a dit savoir que «80% des mosquées aux États-Unis sont contrôlées par des imams radicaux». Le Washington Post a analysé cette déclaration et a conclu qu'elle était sans fondement.

Un homme changé

Les attaques du 11 septembre ont eu un effet radical sur M. King, ont soutenu cette semaine des gens qui le connaissent depuis longtemps. Selon Niall O'Dowd, fondateur d'Irish Central, site de nouvelles sur la communauté irlandaise établi à Long Island, Peter King n'est plus le même depuis les attaques: «J'ai vu un changement. Je crois qu'il a perdu les pédales», a-t-il écrit, lundi. Il se dit incapable de comprendre les motivations de son ancien ami, «devenu un inquisiteur antimusulman».

M. King n'a pas toujours condamné les actes terroristes. Dans les années 80, il appuyait l'IRA, groupe de libération irlandais qui attaquait les forces britanniques. «Nous devons appuyer ces braves hommes et ces femmes qui mènent le combat contre les impérialistes britanniques dans les rues de Belfast et de Derry», a-t-il déclaré en 1982. Plus tard, il a soutenu que la mort de civils au cours d'attaques contre les installations militaires britanniques «serait certainement regrettable, mais il ne faudrait pas faire porter le blâme moral à l'IRA».

Invité à comparer les actes terroristes de l'IRA à ceux d'Al-Qaïda, M. King a répondu: «Je comprends pourquoi des gens mal informés pourraient y voir un parallèle. Dans les faits, l'IRA n'a jamais attaqué les États-Unis. Et ma loyauté va aux États-Unis.»