L'ancien secrétaire à la Défense du président George W. Bush, Donald Rumsfeld, n'a qu'un seul regret: n'avoir pas démissionné après le scandale des mauvais traitements d'Abu Ghraib, ont rapporté mardi plusieurs médias américains qui ont eu accès à ses mémoires.

Dans le livre, Donald Rumsfeld défend fermement sa conduite de la guerre en Irak sans jamais concéder d'erreurs, selon des extraits consultés par le New York Times et le Washington Post.

L'ancien chef du Pentagone regrette seulement de n'avoir pas quitté le gouvernement après le scandale d'Abou Ghraïb.

«Abou Ghraïb et ses conséquences, notamment le fait que les opposants à la guerre et au président ont constamment martelé qu'il s'agissait de torture, ont fini par nous faire du tort», écrit Donald Rumsfeld.

«Plus qu'aucun autre des mes échecs, et malgré la fierté que j'avais à accomplir toutes les choses importantes que nous avons réussies, je regrette de n'être pas parti à ce moment-là».

Révélées en 2004, les photos montrant des détenus de la prison d'Abou Ghraïb dénudés, frappés, attachés dans des positions humiliantes ou empilés sur du carrelage, ont fait le tour du monde et provoqué l'indignation de la planète.

Nommé au début du mandat de George W. Bush en 2001, Donald Rumsfeld n'a quitté le Pentagone qu'après la défaite des républicains aux législatives de 2006. La guerre en Irak, impopulaire, avait alors été l'un des thèmes les plus importants de la campagne.

Donald Rumsfeld estime en outre que les mauvais traitements sur les détenus de la prison irakienne ont été infligés par des soldats de leur propre chef, sans instruction, rejetant ainsi toute responsabilité dans le scandale.

Pour les associations de défense des droits de l'homme, au contraire, documents et déclarations de responsables de l'époque ont montré que les sévices étaient connus de la hiérarchie militaire.

Les techniques d'interrogation des détenus de la «guerre contre le terrorisme»? Elles auraient dû être votées par le Congrès au lieu d'être simplement mises au point par le pouvoir exécutif, selon M. Rumsfeld.

Les interrogatoires musclés, la gestion de la prison de Guantanamo, les tribunaux militaires pour juger les détenus hors du système judiciaire américain? Là non plus, Donald Rumsfeld ne trouve rien à redire.

L'ancien secrétaire à la Défense affirme en outre qu'il n'a jamais rejeté les demandes de ses généraux qui réclamaient plus de soldats durant l'invasion de l'Irak: il écrit qu'il n'aurait jamais reçu de demande formelle, selon le New York Times.

Le titre des mémoires, Known and Unknown, est une référence ironique à ce qu'avait déclaré Donald Rumsfeld en 2002 pour justifier la guerre en Irak.

«Il y a des connus inconnus, c'est-à-dire, il y a des choses que nous savons que nous ne savons pas. Mais il y a aussi des inconnus inconnus, des choses que nous ne savons pas que nous ne savons pas», avait-il expliqué à propos des présumées armes de destruction massives en Irak.

Le livre doit sortir mardi en librairies.