Oui à la lutte contre les déficits, mais pas au détriment de la prospérité future des États-Unis, qui passe par de nouveaux «investissements» dans la recherche, l'enseignement et les infrastructures.

Devant une opposition renforcée qui réclame des coupes draconiennes dans les dépenses de l'État, Barack Obama a entamé mardi soir la deuxième moitié de son mandat à la Maison-Blanche en se posant en visionnaire. Dans un discours sur l'état de l'Union où il a évoqué la montée de la Chine, le président a exhorté ses compatriotes à se mobiliser pour s'adapter aux nouvelles réalités de l'économie mondiale.

«Oui, le monde a changé. La lutte pour les emplois est réelle. Mais cela ne doit pas nous décourager. Cela doit nous galvaniser», a déclaré Barack Obama, dont le pays est aux prises avec un taux de chômage officiel de 9,4%.

S'adressant aux deux chambres du Congrès réunies et à des millions de téléspectateurs, le président démocrate a comparé la situation dans laquelle se trouvent les États-Unis à un moment charnière de la guerre froide entre son pays et l'ancienne Union soviétique.

«Il y a un demi-siècle, lorsque les Soviétiques nous ont devancés dans l'espace avec le lancement d'un satellite appelé Spoutnik, nous n'avions aucune idée de la façon dont nous les devancerions sur la Lune. La science n'était pas encore là. La NASA n'existait même pas», a-t-il déclaré.

«Mais après avoir investi dans la recherche et l'enseignement, nous n'avons pas seulement surpassé les Soviétiques. Nous avons lancé une vague d'innovation qui a créé de nouvelles industries et des millions de nouveaux emplois.

«C'est le moment Spoutnik de notre génération», a ajouté le président, plaidant notamment pour de nouveaux investissements dans les énergies renouvelables et le réseau américain de trains rapides.

Tout en appelant ses concitoyens à se mobiliser en faveur d'objectifs à long terme, Barack Obama a reconnu leur inquiétude concernant la dette publique américaine, qui s'élève désormais à 14 000 milliards de dollars. Il a ainsi plaidé pour un gel de cinq ans des dépenses discrétionnaires non liées à la sécurité.

«Cela réduirait le déficit de plus de 400 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, et ramènerait la part des dépenses discrétionnaires dans l'économie à son plus bas niveau depuis la présidence de Dwight Eisenhower. Ce gel nécessitera des coupes douloureuses», a-t-il déclaré.

Le président a également demandé au Congrès d'appuyer un plan quinquennal préparé par le secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui prévoit des coupes de 78 milliards de dollars dans les dépenses militaires.

Les républicains peu enthousiastes

Les républicains ont réservé un accueil peu enthousiaste à l'appel du président en faveur de nouveaux investissements.

«Notre pays approche du bord du précipice. Nous en sommes arrivés à un moment où, si la croissance du gouvernement n'est pas maîtrisée, le meilleur siècle des États-Unis aura été le dernier», a déclaré le représentant du Wisconsin Paul Ryan, nouveau président de la commission du Budget de la Chambre des représentants, qui avait été désigné par le Parti républicain pour donner la réplique au président.

Le discours du président Obama est intervenu après la publication de plusieurs sondages montrant une remontée de sa cote. Ce rebond s'explique en partie par l'accueil favorable du public au discours du président après la tuerie de Tucson.

Plusieurs des témoins du drame étaient d'ailleurs présents dans l'enceinte de la Chambre des représentants. Les parlementaires portaient de leur côté des rubans blancs en l'honneur de la représentante de l'Arizona Gabrielle Giffords, atteinte à la tête par le tireur. Pour montrer leur solidarité, certains républicains se sont assis du côté réservé normalement aux démocrates, et vice versa.

Fait remarquable, le président Obama n'a pas abordé la question du contrôle des armes à feu dans son discours.