Barack Obama veut réduire le déficit en soutenant la croissance. Face à lui, les républicains prônent des coupes drastiques dans les dépenses: deux visions antagonistes qui donnent le ton de la bataille pour la présidentielle américaine de 2012.

À la veille de son deuxième discours sur l'état de l'Union devant les deux chambres du Congrès réunies, M. Obama devrait défendre la philosophie politique appliquée lors de son arrivée au pouvoir début 2009: investir dans la croissance et l'emploi via les infrastructures, la recherche et l'enseignement.

La macro-économie et l'emploi devraient rester au coeur de ses préoccupations, au moment où les États-Unis peinent toujours à effacer les dégâts de la récession de 2008-2009, avec un taux de chômage encore supérieur à 9%.

«Ma priorité sera de faire en sorte que nous soyons compétitifs, que nous créions des emplois pas seulement pour maintenant, mais à l'avenir. Ce sera le principal sujet du discours sur l'état de l'Union», a déclaré M. Obama dans une vidéo envoyée à ses partisans samedi soir.

Face à la vision du président, le chef de la nouvelle majorité républicaine de la Chambre des représentants, Eric Cantor, a répondu dimanche sur la chaîne de télévision NBC que «les investissements (devaient) être faits dans le secteur privé» et que l'intervention de l'État fédéral dans la vie publique devait diminuer.

«Bien sûr que nous voulons que les États-Unis soient compétitifs. Mais (...) quand nous entendons quiconque à Washington parler d'"investir", pour moi cela veut dire plus de dépenses», a dit M. Cantor.

Par ailleurs, le débat sur le relèvement du plafond de la dette va continuer d'empoisonner les relations entre les deux partis. La dette américaine de 14 000 milliards de dollars devrait bientôt atteindre le plafond autorisé par le Congrès (14 250 milliards).

L'administration devra donc réclamer au Congrès un nouveau relèvement du plafond de la dette. Au Capitole, les plus radicaux ont déjà émis des réserves sur une telle mesure, quitte à mettre le pays en défaut de paiement.

Le sénateur républicain Jeff Sessions a proposé lundi dans un éditorial du Washington Post que «tout effort pour relever le plafond de la dette soit lié à une réduction d'au moins 10% des dépenses non-obligatoires (de l'État fédéral)».

Mais les adversaires du président au Congrès ne partent pas à la chasse aux voix pour 2012 en parfait ordre de bataille. Ils doivent en effet composer avec leur aile droite renforcée après les élections de novembre 2010 par l'arrivée de nombreux élus liés à la mouvance ultra-conservatrice du «Tea Party».

Ces derniers tirent le parti républicain vers la droite et exigent des coupes spectaculaires et immédiates dans les dépenses de l'État fédéral, alors que la direction républicaine du Congrès essaie de temporiser.

De son côté, près de trois mois après la débâcle des élections de novembre, le président Obama a repris du terrain dans les sondages, approchant de nouveau la barre des 50% d'opinions favorables.

Après la fusillade meurtrière qui a fait six morts et 14 blessés à Tucson, Arizona (sud-ouest), dont la représentante de l'Arizona Gabrielle Giffords grièvement blessée à la tête, le thème de la nécessaire «civilité» en politique pourrait être abordé lors du discours de mardi.

Dépassant leurs querelles partisanes, certains élus -- contrairement à l'usage -- ont déjà choisi symboliquement de siéger avec des collègues du parti opposé pour écouter le président.