Un médecin américain qui pratiquait des avortements dans la région de Philadelphie a été accusé mercredi de huit meurtres, dont ceux de sept bébés.

Les procureurs affirment que les sept petites victimes sont nées vivantes avant d'être tuées avec des ciseaux. La huitième victime présumée du docteur Kermit Gosnell était une de ses patientes.

Le docteur Gosnell aurait empoché des millions de dollars en acceptant de pratiquer des avortements tardifs, aux deuxième et troisième trimestres. Les procureurs de l'État de la Pennsylvanie affirment que les responsables ont fait fi de plusieurs plaintes contre le docteur Gosnell, et que sa clinique n'avait pas été inspectée depuis 1993.

L'avocat Seth Williams affirme que les femmes étaient soumises à des conditions barbares et sordides à la Gosnell's Women's Medical Society, qui a fermé ses portes l'an dernier.

Gosnell «a provoqué le travail, forcé la naissance de bébés vivants au sixième, septième ou huitième mois de grossesse, puis il tuait ces enfants en ouvrant l'arrière de leur nuque avec des ciseaux pour sectionner la colonne vertébrale», a dit Me Williams.

Gosnell effectuait des dizaines d'avortements par jour, selon les procureurs. Il opérait surtout le soir et la nuit, après que son personnel non-qualifié ait administré aux patientes pendant le jour des médicaments pour déclencher le travail. Neuf de ses employés ont aussi été mis en accusation.

Tôt l'an dernier, les responsables ont finalement décidé de faire enquête, a dit Me Williams, ce qui a mené à la découverte d'une véritable «maison des horreurs». Des sacs et des contenants renfermant des foetus avortés ont été retrouvés partout dans la clinique, selon Me Williams; le docteur Gosnell conservait aussi dans des pots des pied sectionnés, sans justification médicale.

Gosnell et quatre employés sont accusés de meurtre, et cinq autres d'autres crimes. Aucun de ses employés n'avait de formation médicale, mais un d'entre eux - un étudiant du secondaire - effectuait néanmoins des anesthésies intraveineuses à l'aide de narcotiques potentiellement mortels.

La femme qui est décédée est une patiente du docteur Gosnell qui a succombé à un arrêt cardiaque après avoir apparemment reçu une surdose de Demerol.

Gosnell fait l'objet d'au moins 46 plaintes pour faute médicale, dont une relativement à une femme qui est décédée d'un utérus perforé et de sepsie. Plusieurs autres de ses patientes auraient également subi une perforation de l'utérus, sans jamais en être informées.

Gosnell exigeait 325 $ US pour un avortement au premier trimestre et jusqu'à 3000 $ US pour des avortements jusqu'à 30 semaines de grossesse. La Pennsylvanie autorise les avortements jusqu'à 24 semaines de grossesse, mais la majorité des médecins refusent de les effectuer après 20 semaines de gestation.

Des femmes venaient de partout pour subir un avortement. Les patientes de race blanche, résidantes des banlieues, étaient accueillies dans une portion de la clinique légèrement plus propre, parce que le docteur Gosnell savait qu'elles étaient plus susceptibles de porter plainte.

Les procureurs affirment que les femmes n'étaient probablement jamais informées que leur enfant était né vivant et qu'il avait été tué.

Gosnell a obtenu son permis médical de l'université Thomas Jefferson, de Philadelphie. Il peut pratiquer la médecine générale, mais n'a jamais complété sa résidence en obstétrique-gynécologie.

«Il ne sait pas comment faire un avortement, a dit l'avocate Joanne Pescatore. Une fois que les femmes étaient dans sa clinique, il voyait des signes de dollar et effectuait des avortements que personne d'autre n'aurait voulu faire.»