Même après la tentative d'assassinat dont a été victime la représentante au Congrès Gabrielle Giffords, la plupart des politiciens américains hésitent à endosser un durcissement du contrôle des armes à feu aux États-Unis.

Deux d'entre eux, en fait, y vont d'une solution qu'on ne verrait pas ailleurs qu'aux États-Unis. Le républicain Jason Chaffetz, de l'Utah, et l'ancien joueur de football Heath Shuler, un démocrate de la Caroline du Nord, ont fait savoir qu'ils ont dorénavant l'intention de porter une arme, pour se prémunir contre une éventuelle attaque.

Et dans l'État où Mme Giffords a été atteinte à bout portant, un organisme va encore plus loin: la Ligue de défense des citoyens de l'Arizona souhaite que tous les politiciens de l'État - ainsi que les membres de leurs équipes - soient obligés d'être armés et formés à l'utilisation des armes.

Le responsable de la sécurité au Sénat américain, Terrance Gainer, a toutefois profité d'une invitation à la télévision américaine pour demander aux parlementaires d'y réfléchir à deux fois avant de se munir d'une arme.

«Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, a-t-il dit. Je suis policier depuis 42 ans et je ne pense pas que d'introduire encore plus d'armes dans la situation soit pertinent.»

L'homme accusé d'avoir tenté de tuer Mme Giffords et d'avoir abattu six autres personnes, dont une fillette de neuf ans, s'était procuré une puissante arme de poing en toute légalité à la fin du mois de novembre. Jared Lee Loughner s'était acquitté sans problème des formalités nécessaires, en dépit de présumés antécédents en matière de consommation de drogue.

En Arizona, toute personne âgée de 21 ans et plus peut porter une arme dissimulée en public. Aucun permis n'est requis pour acheter une arme, aucune loi n'impose la prise d'empreintes digitales ou le marquage des armes, il n'y a aucune limite sur le nombre d'armes qui peuvent être achetées en un même mois et aucune loi n'impose de vérification avant la vente de munitions.

Le shérif du comté de Pima, où s'est produit l'attentat, dénonce l'attitude favorable aux armes de son État depuis le weekend dernier, qualifiant le tout de «summum de la folie».

«Je ne sais pas ce qu'ils pourraient faire d'autre, a lancé Clarence Dupnik au réseau CBS. Peut-être adopter une loi pour obliger tous les bébés à avoir un Uzi dans leur berceau?»

Malgré tout, les politiciens américains sont plus que timides quand vient le temps de prendre position en faveur d'un contrôle plus serré des armes à feu. Tout au plus, la représentante démocrate Carolyn McCarthy et le sénateur républicain Frank Lautenberg proposent maintenant d'interdire les magazines «grande capacité» comme celui utilisé par Loughner.

«La seule raison d'avoir 33 balles dans une arme est pour tuer plusieurs personnes, a dit M. Lautenberg par voie de communiqué plus tôt cette semaine. Ces magazines étaient interdits avant 2004, et ils doivent être interdits de nouveau.»

Mais les partisans d'un contrôle des armes à feu refusent de céder. Le maire de New York, Michael Bloomberg, croit ainsi que le gouvernement fédéral ne va pas assez loin pour empêcher les personnes condamnées pour une infraction liée aux drogues d'obtenir une arme.

«La loi dit (qu'elles) ne peuvent pas acheter d'arme, a dit M. Bloomberg. Même si Jared Loughner a été rejeté par l'armée pour avoir pris de la drogue et même s'il a été arrêté pour des infractions liées à la drogue, il a réussi la vérification des antécédents et s'est acheté une arme.»