En septembre 2007, la police l'avait arrêté pour possession d'accessoires associés à la consommation de drogue, infraction pour laquelle il n'a pas été inculpé.

En décembre 2008, l'armée avait refusé de l'admettre dans ses rangs après qu'il eut échoué à un test antidrogue. En septembre 2010, le Pima Community College l'avait suspendu et avait exigé une évaluation psychiatrique prouvant qu'il n'était pas un danger pour autrui.

Malgré ce bagage peu rassurant, Jared Lee Loughner, responsable de la fusillade de Tucson, n'a eu aucun mal à acheter, en novembre dernier, une arme de poing semi-automatique (un Glock 19), dans un magasin de cette ville de l'Arizona.

Ses démêlés judiciaires et ses problèmes mentaux n'ont en effet pas fait surface lors du contrôle des antécédents psychiatriques et judiciaires que réalise par le FBI à l'achat de toute arme à feu neuve.

Loughner a pu en outre se procurer un chargeur de 33 coups qui lui a permis de tirer 31 balles avant d'être maîtrisé à l'extérieur du supermarché de Tucson où il a commis ce geste.

Cette tragédie conduira-t-elle les élus de l'Arizona et de Washington à resserrer les lois concernant les armes à feu? Même les partisans les plus ardents d'un contrôle accru des armes se montrent peu optimistes sur cette question. «Chaque tuerie suscite son propre débat. Et le débat qui découle de la tuerie de Tucson ne porte pas sur le contrôle des armes à feu mais sur la rhétorique politique», a déclaré Jim Kessler, ex-dirigeant de l'organisation Americans for Gun Safety.

Des parlementaires démocrates entendent néanmoins déposer cette semaine à la Chambre des représentants un projet de loi interdisant la vente de chargeurs de 33 coups. De 1994 à 2004, une loi fédérale promulguée par Bill Clinton a interdit la fabrication de ces chargeurs aux États-Unis, mais elle n'a pas été reconduite sous l'administration de George W. Bush.

«La chose la plus immédiate et la plus évidente que nous puissions faire est d'interdire ces chargeurs», a déclaré hier Daniel Vice, du Brady Center to Prevent Gun Violence, à CNN. «Il n'y a aucune raison pour qu'un civil en ait besoin. Cela aurait réduit le nombre de personnes atteintes par balle.»

L'adoption d'un tel projet de loi par la Chambre des représentants semble cependant peu probable, la nouvelle majorité républicaine étant réfractaire à un contrôle accru des armes à feu.

Il faut dire que le public ne réclame pas à grands cris ce genre de loi, aux États-Unis. En fait, de 1990 à 2010, la proportion d'Américains favorables à des lois plus sévères concernant les armes à feu est passée de 78% à 44%, selon la maison de sondages Gallup.

Durant cette période, l'Arizona a, de son côté, multiplié les lois libéralisant l'accès aux armes à feu. Il n'est notamment plus nécessaire d'obtenir un permis pour porter sur soi une arme dissimulée. Et il est désormais permis d'entrer dans un bar ou un restaurant avec une arme dissimulée.

Avant la tragédie de samedi, les législateurs de l'État envisageaient également d'autoriser étudiants et professeurs à porter des armes à feu sur les campus.