La parlementaire américaine abattue à bout portant samedi en Arizona (sud-ouest), provoquant une onde de choc aux Etats-Unis, pouvait «communiquer» avec ses médecins dimanche, alors que l'auteur de la fusillade a été inculpé de meurtres et tentatives de meurtre.

Selon le dernier bilan, la fusillade, survenue lors d'un rassemblement politique sur le parking d'un supermarché à Tucson, a fait six morts -- parmi lesquels une fillette de 9 ans -- et 14 blessés, dont l'élue démocrate de l'Arizona Gabrielle Giffords, grièvement blessée à la tête.

La tragédie a choqué les Etats-Unis, et une partie de la gauche américaine a immédiatement dénoncé le climat politique délétère du pays et la «rhétorique empoisonnée» des ultraconservateurs, terreaux selon elle de tels actes de violence.

Le bilan aurait pu être encore plus lourd sans l'intervention de Patricia Maisch, une inconnue qui s'est jetée sur le tireur et a réussi à lui arracher un chargeur, empêchant une nouvelle volée de balles.

Le tireur, Jared Lee Loughner, âgé de 22 ans et arrêté sur les lieux, a été inculpé dimanche par le procureur de l'Arizona de deux meurtres -- l'assistant de Mme Giffords et un juge fédéral -- et de trois tentatives de meurtres. Le directeur du FBI, Robert Mueller, a averti que d'autres chefs d'accusation pourraient lui être signifiés «à mesure de l'avancée de l'enquête».

L'accusé, originaire de Tucson, avait des antécédents judiciaires et a gardé le silence depuis son arrestation. Il comparaîtra pour la première fois devant la justice lundi à 14h00 à Phoenix.

Ses motifs restaient inconnus dimanche. M. Mueller a confirmé que Mme Giffords était la cible du jeune homme et qu'il avait assisté à l'un de ses meetings en 2007.

Selon la déposition d'un agent du FBI, les enquêteurs ont trouvé au domicile du tireur une lettre de Mme Giffords à M. Loughner le remerciant d'avoir assisté à son meeting en 2007.

Dans un coffre-fort, les enquêteurs ont également trouvé une enveloppe sur laquelle étaient inscrits les mots «J'ai tout prévu», «Mon assassinat», le nom «Giffords» et ce qui semble être la signature du tireur.

Michael Lemole, le neurochirurgien qui a opéré Mme Giffords, 40 ans, s'est dit «prudemment optimiste» sur son rétablissement. Il a souligné que la représentante était «capable de communiquer» avec les médecins «par le biais de commandes simples».

«Cela nous encourage beaucoup. Nous continuons à parler d'état critique parce qu'un cerveau enflé peut se détériorer à tout moment», a-t-il ajouté.

Dimanche matin, la police avait diffusé la photographie d'un suspect recherché. L'homme, un chauffeur de taxi s'est présenté de lui-même à la police, qui l'a blanchi. Les enquêteurs auraient maintenant la certitude que le tireur a agi seul.

Sur sa page MySpace, Jared Lee Loughner tenait des propos vengeurs et incohérents, revendiquant l'introduction d'une nouvelle monnaie, critiquant l'illettrisme et le gouvernement. Sur YouTube, il citait Le manifeste du parti communiste de Marx et Engels, et Mein Kampf d'Adolf Hitler parmi ses livres préférés.

Photo: AFP

Une note de soutien à Gabrielle Giffords a été déposée sur le terrain de l'hôpital où la représentante démocrate est soignée.

Dimanche, Barack Obama a appelé les Américains à respecter un «moment de silence» lundi à la mémoire des victimes de la fusillade.

Blonde, élégante, âgée de 40 ans, Gabrielle Giffords est l'épouse de l'astronaute Mark Kelly.

Première femme juive élue par l'Arizona au Congrès en 2006, réélue en novembre après une campagne tendue dans un Etat plutôt marqué à droite, elle appartient à l'aile centriste du parti démocrate et est plutôt conservatrice en matière de fiscalité et d'immigration mais avait voté pour la réforme de la santé du président Obama.

La plus jeune des victimes, Christina-Taylor Green, âgée de neuf ans, était née le 11 septembre 2001, «le jour où les tours se sont effondrées à New York», a raconté son père dimanche.

Sans attendre de connaître les motifs du tireur, de nombreux blogueurs de gauche se sont emparés de l'attentat pour dénoncer le parti républicain et les ultra-conservateurs du Tea Party, les accusant d'avoir crée un climat incitant à la violence.

Le shérif Dupnik lui-même a estimé dimanche que «la rhétorique de haine, la défiance envers le gouvernement, la paranoïa sur les actions du gouvernement, et les tentatives d'exacerber (les sentiments) du public tous les jours, 24 heures sur 24, ont un impact sur les gens, notamment sur les déséquilibrés».

Photo: AFP

Gabrielle Giffords