Un ancien agent de la CIA a été arrêté jeudi pour avoir fourni à un journaliste des informations confidentielles sur une opération sous couverture du renseignement américain, a annoncé le ministère américain de la Justice dans un communiqué.

Jeffrey Sterling, un Afro-Américain âgé de 43 ans, a été arrêté à Saint-Louis dans le Missouri pour avoir fourni des informations sur une opération concernant les «capacités d'armement nucléaire» d'un «pays A» et d'«une personne liée à cette opération».

Le ministère a estimé que M. Sterling avait pu agir «en représailles au refus de la CIA de passer un accord en sa faveur» dans le cadre d'une procédure qu'il avait entamée contre son employeur pour discrimination raciale et qui avait été classée par la justice en 2005.

Il est soupçonné d'avoir d'abord fourni des informations en 2003, dans la perspective de la rédaction d'un article, puis en 2006 au même journaliste, cette fois pour un livre.

Le ministère ne cite ni le nom de la publication ni celui du journaliste, mais les dates et les détails évoqués correspondent à James Risen, reporter au New York Times et auteur du livre État de guerre: histoire secrète de la CIA et de l'administration Bush.

Le quotidien avait annoncé fin avril que M. Risen avait été convoqué pour témoigner à propos de sa source dans un chapitre du livre consacré «aux problèmes rencontrés par la CIA dans une opération pour perturber le programme nucléaire iranien présumé». Àl'époque, le reporter avait fait savoir qu'il ne se rendrait pas à la convocation.

James Risen a remporté le prix Pulitzer pour avoir révélé en décembre 2005 le programme secret de surveillance électronique mis en place par l'administration Bush après le 11-Septembre.

Jeffrey Sterling, qui risque plus de dix ans de prison, est également soupçonné d'avoir entravé le cours de la justice en effaçant un courriel qu'il avait envoyé au journaliste.

Il est soupçonné d'avoir téléphoné au domicile du journaliste en 2003 et de lui avoir envoyé par courriel un article sur les capacités d'armement nucléaire du «pays A». Les deux hommes seraient restés en contact et selon le ministère, «le reporter a publié en janvier 2006 un livre contenant des informations confidentielles sur cette opération».