Les Fêtes sont une période de réjouissances, mais elles marquent aussi la période la plus mortelle de l'année, du moins aux États-Unis. Chez nos voisins du Sud, les deux semaines commençant à Noël ont été associées à un excès de 42 325 morts naturelles depuis 25 ans, signalent des chercheurs dans une récente étude. Cela, sans compter l'augmentation des morts violentes.

C'est précisément les 25, 26 décembre et 1er janvier que l'on compte le plus de morts dans les urgences des hôpitaux américains, et de façon très significative, notent David Phillips et ses coauteurs dans un des derniers numéros de Social Science&Medicine. Les chercheurs ont remarqué une forte augmentation du nombre de personnes qui meurent dans les urgences ou pendant leur transport vers l'hôpital.

«En combinant tous les lieux où les personnes meurent (dans les hôpitaux et hors des hôpitaux), on constate un excès de mortalité pendant la saison des Fêtes, autour de Noël et du jour de l'An, écrivent-ils. (...) L'importance du phénomène n'a rien de banal: il constitue un important sujet de préoccupation de santé publique et mérite des recherches approfondies.»

Des études antérieures ont déjà montré une hausse significative des suicides, des abus fatals de drogue et d'alcool, des empoisonnements, des meurtres et des accidents de la route pendant la période des Fêtes aux États-Unis. Mais Phillips et al. soulignent que les Américains sont aussi plus nombreux à mourir des suites d'une maladie pendant la même période. Les tableaux statistiques des morts constatées dans les urgences montrent un très haut pic de mortalité les 25, 26 décembre et 1er janvier, provoqué par les cancers et les maladies des systèmes circulatoire, respiratoire, digestif, endocrinien, etc. Les deux sexes et tous les groupes d'âge sont affectés... sauf les enfants.

Les auteurs se disent incapables de se prononcer de façon définitive sur les causes du phénomène. Ils se contentent d'émettre des hypothèses. La première: le stress.

«Les niveaux de stress peuvent changer autour de Noël et du jour de l'An, écrivent-ils. Toutefois, nous n'avons pas de mesures nationales, détaillées et rigoureuses sur l'ampleur, la nature et la période de ces possibles changements. Par ailleurs, nous savons qu'il est prouvé de façon non ambiguë que l'augmentation des stress psychologiques peut causer des hausses brutales et élevées de morts liées à une vaste gamme de maladies, et ce, pour de très nombreux groupes démographiques.»

Il est aussi plausible que le débordement des urgences favorise un excès de mortalité. Les urgences des hôpitaux américains sont surpeuplées pendant les Fêtes. Les médecins et les membres du personnel infirmier sont nombreux à prendre congé pour fêter avec leurs proches. Les soins peuvent s'en ressentir. Cependant, cette hypothèse est bien incomplète. Le nombre de morts naturelles augmente partout pendant ces deux semaines. Hors des hôpitaux, la hausse est moins prononcée, mais pourtant bien réelle: dans ce cas, elle ne commence pas à Noël, mais juste après, et se poursuit jusqu'à une semaine après le jour de l'An.

«L'augmentation de la mortalité pendant les Fêtes d'hiver est peut-être due à des voyages plus nombreux, ajoutent les auteurs. Pourtant, la majorité des personnes meurent dans leur région de résidence (92%); ces non-voyageurs y sont pour beaucoup dans la hausse du nombre de morts... Certains malades arrivent peut-être à retarder brièvement le moment de leur mort afin d'atteindre une occasion symbolique (Noël ou le jour de l'An). Mais selon cette «hypothèse de retardement», les hausses constatées à Noël devraient être précédées d'une baisse des morts. Rien de tel n'a été remarqué.»

«Bref, pour l'instant, seulement les conclusions préliminaires sont valables: Noël et le jour de l'An semblent être des facteurs de risque pour la mort, mais les mécanismes qui peuvent expliquer ces facteurs de risques restent inconnus.» Un second mystère, moins joyeux, mais plus tangible, s'ajoute à celui de la naissance du petit Jésus...