Il a 26 ans, il est un bourreau de travail, il affectionne les chandails en coton ouaté et aime les conversations brèves. Depuis hier, il est devenu la personnalité de l'année du magazine Time.

Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, s'est d'abord imposé sur le net, où le célèbre réseau social a franchi le cap du demi-milliard d'usagers en juillet dernier, et ensuite au cinéma, avec The Social Network, film biographique non autorisé et pas toujours flatteur qui relate les débuts de Facebook.

«Né en 1984, la même année que l'ordinateur Macintosh, Mark Zuckerberg est à la fois un produit de sa génération et l'un de ses architectes», écrit le Time.

Zuckerberg, dont la fortune est évaluée à 7 milliards de dollars, s'est récemment engagé à donner la majeure partie de ses avoirs à des organismes de charité.

Et Assange?

Le choix de Mark Zuckerberg a suscité l'étonnement, hier. Sur le site de Time, l'Australien Julian Assange, patron de WikiLeaks, a reçu plus de 382 000 votes des internautes. Et Zuckerberg, 18 000.

Assange, qui a récemment commencé à diffuser 250 000 notes diplomatiques du gouvernement américain, «a soulevé beaucoup d'intérêt dans les bureaux du magazine, de même que partout ailleurs», a dit l'éditeur adjoint de Time, Michael Elliott. Mais, au final, les éditeurs de Time ont choisi la star de Silicon Valley. Hier, plusieurs les ont accusés d'avoir fait un choix «prudent»: la nomination d'Assange, actuellement en prison, aurait soulevé des débats plus dérangeants.

«Assange était-il trop 'méchant' pour être la personnalité de l'année?» a demandé Jeff Bercovici, journaliste au magazine Forbes. M. Bercovici note que la controverse soulevée par le choix de l'ayatollah Khomeini comme personnalité de l'année, en 1979, a refroidi les ardeurs du Time.

«Depuis, les éditeurs sont nerveux à l'idée de nommer des «méchants». Souvent, ça fonctionne très bien. D'autres fois, ça donne des résultats manifestement partiaux, comme le choix du maire de New York Rudy Giuliani, en 2001, au lieu d'Oussama ben Laden.»

Pas un compliment

Le titre de «personnalité de l'année» n'est pas un compliment, selon le magazine. Le fondateur de Time, Henry Luce, avait coutume de dire que la personne choisie était, «pour le meilleur ou pour le pire», celle qui avait le plus influé sur l'actualité. Le magazine a décerné le titre de personnalité à Hitler en 1938 et à Staline en 1939.

Sur Twitter, l'animateur de radio Larry Morgan a écrit: «Mark Zuckerberg est l'homme de l'année de Time! C'est réjouissant d'enfin voir un homme blanc et riche de Harvard réussir dans la vie.»

Hier, le rédacteur en chef de Time, Richard Stengel, a écrit que le choix de la personnalité de l'année «n'est pas un honneur et ne l'a jamais été». Zuckerberg, dit-il, «a inventé une nouvelle plateforme qui est à la fois indispensable et qui fait un peu peur».

Si ce titre n'est pas un honneur, le magazine a oublié d'en informer le principal intéressé: «C'est un véritable honneur», a écrit Mark Zuckerberg, hier, dans son «statut» Facebook.