Le Sénat américain a ouvert les débats mercredi sur la ratification du traité de désarmement nucléaire START avec la Russie, malgré l'hostilité d'une partie de l'opposition républicaine déterminée à entraver la progression des débats par tous les moyens.

Le traité signé en avril par Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev est l'une des priorités de la politique extérieure du président américain, qui a appelé de ses voeux à plusieurs reprises une ratification avant 2011.

Les élus ont adopté mercredi par 66 voix contre 32 une motion permettant de procéder à l'examen du texte du traité après de longs mois de discussions informelles.

«Il est temps, c'est le moment pour le Sénat des États-Unis de se lever et d'agir sur une question de sécurité nationale pour notre pays», a dit le sénateur démocrate John Kerry président de la commission des Affaires étrangères peu après le vote.

Il faut 67 voix sur 100 au Sénat américain pour ratifier le traité.

Les alliés démocrates de M. Obama contrôlent actuellement 58 voix. Il leur faut donc le soutien d'au moins neuf républicains. Seuls trois républicains ont dit qu'ils voteraient pour la ratification.

En outre, à la suite des élections du 2 novembre, les démocrates ne disposeront plus en janvier que de 53 voix.

Mais le chef de la majorité démocrate Harry Reid a indiqué mardi qu'il espérait obtenir avant la fin de l'année les 67 voix nécessaires.

De leur côté, les républicains, menés par le numéro deux de l'opposition Jon Kyl, ont juré de tout faire pour entraver la progression des débats, arguant qu'il n'y a pas suffisamment de temps jusqu'aux congés de fin d'année pour examiner correctement le traité.

«Le traité START est un document important et il y a de très importantes implications qui doivent être examinées minutieusement avec les amendements convenables et suffisamment de temps pour en discuter», a estimé mercredi le sénateur Kyl.

Les démocrates rétorquent que les termes du traité sont disponibles depuis plusieurs mois.

Mercredi, le sénateur républicain Jim DeMint a annoncé qu'il allait demander la lecture à voix haute de la totalité du traité devant le Sénat, une opération qui est généralement évitée, et qui pourrait durer une journée entière.

Mais les chefs démocrates ont obtenu par «consentement unanime» qu'il n'y ait pas de lecture du texte et que les débats proprement dit sur le traité commencent jeudi matin.

«Le sénateur DeMint a clairement fait savoir qu'il va utiliser tous les moyens disponibles pour empêcher le traité controversé START d'être expédié pendant cette session de fin d'année», a indiqué dans un communiqué son porte-parole Wesley Denton.

Le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs a parlé de «coups politiques» de la part des républicains.

Les républicains ont émis des réserves notamment sur le sort de la défense anti-missile américaine, sujet de contentieux avec Moscou. Les conservateurs évoquent à ce sujet une modification du préambule du traité, ce qui aurait pour effet de rendre caduque le traité.

Le Pentagone a pourtant assuré que le traité ne remettait pas en cause la capacité de défense anti-missile des États-Unis.

Le traité START (acronyme en anglais de Traité sur la réduction des armes stratégiques) prévoit un maximum de 1550 têtes nucléaires déployées pour chacun des deux pays, soit une réduction de 30% par rapport à un niveau établi en 2002.

La Douma, chambre basse du parlement russe a indiqué récemment qu'elle ne ratifiera le traité START qu'après le Sénat américain.