Les concessions de Barack Obama aux républicains, en particulier sur les cadeaux fiscaux de l'ère Bush, lui valent de violentes critiques de son camp et trahissent l'affaiblissement d'un président dont la marge de manoeuvre s'est réduite.

M. Obama a annoncé lundi soir avoir accepté un compromis imposé par ses adversaires, incluant notamment une prolongation des allégements fiscaux pour tous les contribuables pendant deux ans, en échange entre autres d'un déblocage des allocations pour deux millions de chômeurs.

Ces dernières ont expiré fin novembre en l'absence d'accord de républicains enhardis par leur victoire aux législatives de la mi-mandat, alors même que les assemblées issues de cette consultation, dont le centre de gravité sera bien plus conservateur, ne commenceront à siéger que début janvier.

Certains démocrates, assimilant l'attitude du président à une capitulation, ont manifesté leur révolte. «Pourquoi jouons-nous toujours sur la défensive? Battons-nous sur le terrain», s'est ainsi ému le représentant de New York Anthony Weiner, alors que certains détails de l'accord commençaient à filtrer.

Lundi soir, le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders, marqué à gauche, estimait que prolonger les cadeaux fiscaux des riches constituait «un désastre absolu et une insulte à la grande majorité des Américains», tandis que le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, se fendait d'un communiqué aussi factuel que glacial.

La proposition de M. Obama le 30 novembre de geler les salaires de la fonction publique fédérale avait été mal reçue par l'aile gauche des démocrates, vu sa portée symbolique sur l'état des finances publiques.

M. Obama avait préparé le terrain lundi en reconnaissant qu'il n'obtiendrait pas «100%» de ce qu'il souhaite, après avoir assuré ces dernières semaines qu'il ne permettrait pas aux plus riches de continuer à bénéficier d'allégements de nature à gonfler un déficit budgétaire déjà abyssal.

Il a insisté lundi soir sur les 13 mois supplémentaires d'allocations chômage obtenus des républicains. La Maison Blanche affirmait qu'à défaut, l'économie entière risquait de souffrir, un argument valable selon le politologue Jeffrey Cohen, de l'université Fordham.

«L'une des raisons pour lesquelles Obama doit absolument obtenir (la prolongation des) allégements d'impôts pour la classe moyenne et des allocations chômage est que ceux-ci représentent de vrais leviers pour relancer l'économie», explique cet expert à l'AFP.

Non qu'un calcul politicien soit exclu de l'équation. Les chances de réélection de M. Obama en 2012 seront renforcées si l'économie est repartie, et chaque mois de relance comptera, démontre M. Cohen.

Reste que M. Obama, qui a subi de son propre aveu une «raclée» lors des législatives du 2 novembre, souffre d'une cote de popularité inférieure à 50% et vient d'encaisser une mauvaise nouvelle avec la remontée du taux de chômage en novembre, est aujourd'hui un président affaibli, explique l'universitaire.

En outre, note Thomas Mann, expert à l'institut Brookings de Washington, étant donné la solidarité des républicains, la «position de négociation (de M. Obama) est très faible», et le pire reste à venir.

Le président «peine déjà à obtenir ce qu'il veut du Congrès pendant la dernière session de l'année, avant de se retrouver dans une situation encore pire lorsque le nouveau Congrès prendra ses fonctions», prévient cet expert.