Barack Obama a annoncé lundi avoir accepté un compromis imposé par les républicains sur la question des impôts, incluant une prolongation des cadeaux fiscaux de l'ère Bush pour tous les contribuables pendant deux ans, en échange d'un déblocage des allocations chômage.

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«Pendant les deux prochaines années, chaque famille américaine conservera ses allégements fiscaux», a déclaré lundi soir le président, justifiant cette décision à laquelle il s'était auparavant opposé par son souhait d'éviter à la classe moyenne de «devenir une victime collatérale du conflit politique à Washington».

Selon l'accord-cadre issu d'une semaine de négociations entre l'administration démocrate et les républicains du Congrès, sortis vainqueurs des élections législatives du 2 novembre, «les allocations chômage seront prolongées de 13 mois», a poursuivi M. Obama.

La reprise des versements de ces allocations, interrompues fin novembre faute de feu vert des républicains, constituera «un soulagement pour deux millions d'Américains qui risquaient de voir leurs ressources coupées au milieu de la période des fêtes», a aussi noté le président.

«En échange d'une prolongation des allégements d'impôts pour les Américains les plus riches, nous allons protéger des allégements fiscaux très importants pour les familles» de la classe moyenne, a-t-il également expliqué.

Parmi les autres concessions auxquelles M. Obama a dû se résigner figure «une approche plus généreuse de l'impôt sur les successions». Le président a estimé qu'elle «n'est ni souhaitable, ni méritée. Mais nous avons insisté pour qu'elle soit temporaire».

«Sans aucun doute, chacun trouvera des éléments qu'ils n'aimera pas dans ce compromis. Il y a des choses que je n'aime pas. En particulier la prolongation des allégements d'impôts pour les plus riches», a reconnu M. Obama, tentant d'atténuer la portée de cette concession en soulignant que ces allégements expireraient dans deux ans.

M. Obama s'est toutefois dit certain que d'ici à 2012 - année d'élection présidentielle -, «il deviendra évident que nous ne pourrons pas nous permettre de prolonger davantage ces allégements fiscaux» à la lumière de la nécessité de lutter contre les déficits.

Ce plan, qui doit encore être formellement accepté par le Congrès, «est la bonne chose à faire», a estimé le président, tout en reconnaissant «éprouve(r) de la sympathie pour ceux qui préfèrent les combats aux compromis».

«Les Américains ne nous ont pas élus pour mener des batailles symboliques ou remporter des victoires symboliques. Ils préféreraient avoir le confort de savoir que lorsqu'ils recevront leur premier salaire en janvier 2011, il ne sera pas beaucoup plus faible qu'auparavant», a-t-il fait valoir.

Le numéro deux républicain au Sénat, John Kyl, a estimé que l'annonce de M. Obama constituait une «première étape importante pour donner à toutes les familles et entreprises américaines l'assurance que leurs impôts n'augmenteront pas le 1er janvier».

Le chef des démocrates à la chambre haute, Harry Reid, a pour sa part fait diffuser un communiqué laissant transparaître le manque d'enthousiasme du parti vis-à-vis d'un plan qui entérine pour deux années supplémentaires des allégements décidés sous la présidence du républicain George W. Bush en 2001 et 2003.

«Maintenant que le président a présenté sa proposition, le sénateur Reid prévoit d'en parler avec son groupe demain» mardi, a indiqué son bureau.

L'administration Obama souhaite que le Congrès examine d'ici à la fin de l'année d'autres dossiers qui lui sont chers, dont la ratification du nouveau traité START de désarmement avec la Russie, mais ce sujet ne fait pas partie du plan marchandé ces derniers jours, selon un responsable de la Maison Blanche.