La ratification du traité START par le Sénat américain est dans l'impasse malgré les efforts déployés par l'administration Obama pour tenter de vaincre les réserves des républicains, et éviter au passage une mésentente avec Moscou.

Les conservateurs, menés par le numéro deux de la minorité Jon Kyl, ont manifesté cette semaine leur opposition à une ratification avant la fin de l'année comme le souhaite le président Barack Obama.

 

Mais la perspective d'une ratification en 2010 semble compromise alors que les sénateurs, partis en congés pour la fête de Thanksgiving, ne reviendront pas avant le 29 novembre, pour s'attaquer à un programme législatif chargé.

M. Kyl avait affirmé mardi qu'il pensait que la ratification ne serait pas possible avant la fin de l'année en raison du manque de temps.

Il s'est fait plus précis jeudi en affirmant qu'il n'y avait «aucune chance» que le traité soit ratifié avant 2011, une déclaration que son bureau n'a toutefois pas souhaité confirmer vendredi.

La principale objection de M. Kyl porte sur la modernisation de l'arsenal nucléaire américain au sujet de laquelle il veut des garanties.

L'administration Obama a pourtant promis de consacrer plus de 80 milliards de dollars sur 10 ans sur ce poste, ainsi que 4,1 milliards supplémentaires pour répondre aux inquiétudes du sénateur républicain.

Le président compte sur ce dossier pour redorer son blason, après une défaite cinglante aux élections de mi-mandat du 2 novembre, au cours desquelles les républicains ont remporté la majorité à la Chambre des représentants.

Il craint également des répercussions sur les relations de Washington avec Moscou, alors que la Maison Blanche a beaucoup misé sur le «redémarrage» des relations bilatérales, après les tensions des années Bush.

Ratifier en 2010 le traité START est «un impératif de sécurité nationale», a lancé M. Obama jeudi, épaulé par la secrétaire d'État Hillary Clinton, ses prédécesseurs Madeleine Albright et surtout les républicains James Baker, 80 ans, et Henry Kissinger, 87 ans.

Samedi, il en a même appelé à la mémoire de son prédécesseur républicain Ronald Reagan, qui avait déclaré en signant un traité similaire en 1987 avec l'URSS: «Faire confiance, mais vérifier».

«Ceux qui veulent bloquer ce traité brisent la règle du président Reagan: ils veulent faire confiance, mais pas vérifier», a plaidé M. Obama.

Les démocrates ont également insisté sur la question de la sécurité en l'absence de traité effectif. Le premier traité START a expiré en décembre 2009 et depuis, aucun inspecteur américain n'a pu avoir accès à l'arsenal russe.

Parallèlement, un groupe religieux de gauche, American Values Network (AVN), a diffusé cette semaine un spot publicitaire choc montrant une petite fille qui compte les pétales d'une fleur en les retirant.

Le décompte se transforme en compte à rebours et l'image montre une explosion nucléaire reflétée dans la pupille de la fillette. «Dites à vos sénateurs de ratifier START maintenant», annonce une voix.

Le traité prévoit une réduction de 30% du nombre de têtes nucléaires détenues par les deux superpuissances atomiques -elles concentrent à elles seules plus de 90% des armes de ce type- et des vérifications mutuelles plus transparentes. Un maximum de 1.550 têtes nucléaires sera déployé pour chacun des deux pays.

Les traités internationaux doivent être ratifiés au Sénat à une majorité de 67 élus sur 100. Les démocrates contrôlent actuellement 59 sièges sur 100. En janvier, six nouveaux élus républicains viendront renforcer les rangs de l'opposition, diminuant la majorité à 53 élus.