Barack Obama a tenté jeudi de forcer la main des républicains du Sénat pour qu'ils ratifient au plus vite le traité russo-américain de désarmement START, qualifié «d'impératif de sécurité nationale».

«Que les États-Unis ratifient le nouveau traité START cette année est un impératif de sécurité nationale», a lancé le président américain à l'intention des républicains du Sénat, qui hésitent à examiner avant 2011 le document signé en avril avec la Russie.

«Il ne s'agit pas de politique, mais de sécurité nationale», a-t-il insisté, expliquant que l'absence de ratification mettrait en cause la sécurité nationale américaine, mais aussi les relations avec Moscou.

Washington ne peut se permettre de «jouer» avec le contrôle des arsenaux nucléaires russes, a-t-il plaidé.

Le nouveau START prévoit une réduction de 30% du nombre de têtes nucléaires détenues par les deux superpuissances atomiques - elles concentrent à elles seules plus de 90% des armes de ce type - et des vérifications mutuelles plus transparentes.

L'absence de ratification raviverait certainement les tensions avec Moscou, alors que la Maison-Blanche a beaucoup misé sur le «redémarrage» des relations bilatérales, après les malentendus et les oppositions des années Bush.

M. Obama s'est exprimé entouré du gotha de la diplomatie américaine présente et passée, convoqué à la Maison-Blanche dans une mise en scène soulignant la solennité de la prise de parole présidentielle.

La secrétaire d'État Hillary Clinton était aux côtés de ses prédécesseurs démocrates, comme Madeleine Albright, et surtout des grands anciens républicains James Baker, 80 ans, et Henry Kissinger, 87 ans.

À cet aréopage diplomatique se sont joints deux anciens ministres de la Défense du président Bill Clinton, William Cohen, un républicain, et William Perry.

Le sénateur démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères était également présent, tout comme le républicain Richard Lugar, seul sénateur de son parti favorable à une ratification immédiate.

Barack Obama a besoin d'une majorité qualifiée de 67 voix sur 100 pour obtenir la ratification.

«Je pense que nous devrions pouvoir parvenir à obtenir les voix», a-t-il estimé, assignant au vice-président Joe Biden, un parlementaire chevronné, la mission de faire «jour et nuit» le siège du Sénat pour que START soit ratifié avant la fin de l'année.

L'échéance est cruciale, car c'est à partir du 3 janvier 2011 que siégera le nouveau Sénat issu des élections législatives du 2 novembre.

Les républicains y seront 47, contre 41 aujourd'hui, compliquant d'autant la tâche du président.

Dix nouveaux élus, tous républicains, ont demandé jeudi que START ne soit pas examiné par la chambre haute avant janvier, «par respect pour les électeurs de (leurs) États».

Un influent parlementaire républicain, le sénateur John Kyl, a estimé mardi qu'une ratification ne pourrait pas intervenir avant 2011, en évoquant le programme chargé du Congrès et des «problèmes non résolus concernant START et la modernisation» de l'arsenal nucléaire américain.

Au Pentagone, le secrétaire à la Défense Robert Gates, un républicain, a lui aussi fait savoir par la voix de son porte-parole Geoff Morrell qu'il souhaitait une ratification rapide.

«Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre le prochain Congrès», a affirmé M. Morrell.

Dans une analyse publiée jeudi, le Washington Post estime très faibles les chances que le président parvienne à s'imposer sur START, l'opposition voulant éviter de lui offrir une victoire politique aussi peu de temps après la défaite sévère des démocrates aux législatives.