Ils sont nés en Micronésie, en Russie ou en Chine... très loin de cet ex-palais de Saddam Hussein en Irak où ils défilent en cadence pour obtenir la récompense de leur service au sein de l'armée américaine: un certificat de naturalisation.

Il a fallu près de dix minutes pour que les 50 soldats accomplissent chacune des trois étapes d'un parcours réglé comme du papier à musique, dans le décor majestueux du palais d'al-Fao, construit sur un plan d'eau artificiel aujourd'hui au coeur de l'immense base de Camp Victory, près de Bagdad.

Chacun a collecté son précieux certificat, puis posé pour la photo officielle dix pas plus loin en serrant la main du général Lloyd Austin, commandant des forces américaines en Irak, puis récupéré une bannière étoilée pliée en triangle, avant de retourner à sa place avec ses trophées dans la main gauche, coude à l'équerre.

Dans une vidéo retransmise sur grand écran, leur nouveau président, Barack Obama, les a ensuite officiellement accueillis en les invitant à rehausser avec lui le flambeau avec lequel les États-Unis éclairent «le monde entier».

Cette cérémonie devant 300 invités jeudi 11 novembre -Journée des Vétérans aux États-Unis était la 18e organisée en Irak depuis l'invasion de 2003. Au total, 3372 soldats sont devenus américains en Irak.

En général, un étranger possédant un titre de séjour doit résider cinq années aux États-Unis avant de pouvoir prétendre à la naturalisation.

Mais après le 11-septembre-2001, du fait des besoins massifs de recrutement, les exigences ont été considérablement allégées pour les militaires.

«Si vous vous engagez dans l'armée active, le jour où vous terminez l'entraînement de base, vous pouvez devenir citoyen américain», résume en marge de la cérémonie Stephanie Ostapowich, une porte-parole du département de la Sécurité intérieure.

Aux États-Unis, les classes durent une dizaine de semaines.

«Mais ce n'est pas parce qu'ils souhaitaient la citoyenneté que la plupart d'entre eux se sont engagés», assure-t-elle en désignant les 50 soldats, originaires de 29 pays des cinq continents.

«L'armée les a simplement aidés à l'obtenir», poursuit cette Canadienne de naissance, elle même naturalisée sous les drapeaux en 2004.

Les deux naturalisés choisis par l'armée pour répondre aux journalistes, en présence d'un sous-officier du service de presse, ne la contredisent pas.

Né à Princess Town, dans le sud de Trinidad et Tobago, le soldat Dwayne Khan, 22 ans, est arrivé à Brooklyn en 1995 avec son père. S'il s'est engagé dans l'armée en 2008, c'était pour servir les États-Unis.

«La citoyenneté est un bonus, mais mes valeurs vont au-delà de ça», affirme le mécanicien en poste depuis neuf mois à Bassora, dans le sud de l'Irak, et qui se voit passer 20 ans sous les drapeaux.

La trajectoire de Yang Chen, 21 ans, est différente. Il a vécu 19 ans à Tianjin, en Chine, avant d'arriver à Los Angeles il y a deux ans. Il s'est engagé peu après, pour l'éducation.

«Grâce à l'armée, j'ai pu apprendre la langue», dit-il dans un anglais encore très hésitant.

Affecté à l'entretien des générateurs à Camp Taji, au nord de Bagdad, ce soldat compte quitter l'uniforme dans un an et demi pour étudier la physique, «grâce à la bourse de 49 000 dollars» que lui a promise l'armée.

«La naturalisation, je n'y pensais pas en m'engageant. Mais un passeport américain sera plus utile qu'un passeport chinois», sourit le jeune homme.

Sur les 64 500 militaires qui ont été naturalisés depuis 2002, près de 9000 l'ont été sur des bases à l'étranger, dont plus du tiers en Irak. En 2009, 744 000 étrangers ont obtenu la citoyenneté américaine.