Un procureur américain a décidé de classer le dossier des 92 vidéos d'interrogatoires anti-terroristes que la CIA a reconnu avoir détruit en 2009, a annoncé mardi le ministère américain de la Justice.

Nommé en janvier 2008 pour mener l'enquête, le procureur fédéral John Durham «a conclu qu'il n'y aurait pas de poursuites pénales pour la destruction des vidéos d'interrogatoires», a assuré le ministère dans un communiqué, rappelant que l'investigation menée notamment par le FBI avait été «approfondie».

Le directeur de la CIA, Leon Panetta, s'est «réjoui de la décision», rappelant que l'agence avait coopéré à l'enquête depuis le début et continuerait à le faire.

«Mais nous sommes satisfaits que la décision ait été prise de ne pas poursuivre de membres de l'Agence pour la destruction des vidéos», a-t-il ajouté dans un communiqué.

En mars 2009, la CIA avait reconnu avoir détruit «quatre-vingt douze enregistrements» d'interrogatoires.

Jusqu'ici, l'agence centrale de renseignement n'avait admis avoir détruit que quelques vidéos, avait assuré son directeur d'alors Michael Hayden fin 2007, afin de protéger ses agents interrogateurs d'éventuelles représailles d'Al-Qaïda.

Selon la presse américaine, ces vidéos montraient les interrogatoires en 2002 de deux suspects, Abou Zoubaydah, soupçonné d'être un membre influent d'Al-Qaïda, et Abdel Rahim al-Nachiri, suspecté d'être impliqué dans l'attentat contre le navire USS Cole au Yémen en 2000.

Le classement de cette affaire ne met cependant pas fin à une autre enquête, sur la violence de certains agents de la CIA lors de ces interrogatoires, confiée à John Durham par l'actuel ministre de la Justice américain Eric Holder en août 2009.

«Cette enquête continue», a assuré à l'AFP Tom Carson, porte-parole de M. Durham.

La publication en août 2009 d'un rapport de l'inspecteur général de la CIA datant de 2004, avait donné aux Américains la vision la plus détaillée à ce jour du programme d'interrogatoires secret de la Centrale du renseignement américain sous George W. Bush.

Menaces verbales contre la famille du suspect, pastiches d'exécutions sommaires, étranglement jusqu'à évanouissement, corps frottés à la brosse dure, simulation de noyade: ils ont aussi appris qu'en haut-lieu «des agents (étaient) au courant de méthodes d'interrogatoires hors ou au delà des limites fixées».

Disposant d'une copie non censurée, le ministre Eric Holder avait estimé quelques jours après la parution de ce rapport que «les informations que j'ai en ma possession justifient l'ouverture d'une enquête préliminaire pour savoir si les lois fédérales ont été violées dans le cadre des interrogatoires de certains détenus hors des États-Unis».

M. Durham doit évaluer si des accusations peuvent être retenues contre ceux des agents de la CIA qui ont outrepassé les ordres qui leur étaient donnés dans la conduite d'interrogatoires après le 11 septembre.