George W. Bush sait que l'histoire dira ce qu'il faut retenir de ses deux mandats à la tête des États-Unis, mais cela ne l'empêche pas de défendre son bilan dans ses mémoires. L'ancien président y justifie notamment le recours à la torture contre le cerveau présumé des attentats du 11-Septembre, assurant que les informations ainsi obtenues ont sauvé des vies.

Dans un entretien publié mardi par le Times de Londres, l'ancien chef républicain de la Maison-Blanche (2001-2009) déclare qu'il ne regrette aucunement d'avoir personnellement autorisé la CIA à employer la technique d'interrogatoire du «waterboarding», un simulacre de noyade du prisonnier. «Trois personnes ont été soumises à la simulation de noyade et je pense que cette décision a sauvé des vies», explique-t-il au journal.

«Leurs interrogatoires ont aidé à éventer des attaques visant des missions diplomatiques américaines à l'étranger ainsi que l'aéroport d'Heathrow (près de Londres, NDLR), (le quartier des affaires de) Canary Wharf (Londres), et de multiples cibles aux États-Unis», écrit George Bush dans ses mémoires intitulés Decision Points («moments décisifs»), en librairie depuis mardi aux États-Unis.

L'ex-président y précise que, lorsque la CIA lui a demandé la permission de soumettre au waterboarding le cerveau autoproclamé des attentats du 11 septembre 2001, Khalid Sheikh Mohammed, il a répondu «et comment!». Et de préciser au Times: «Nous avons senti qu'il avait des informations au sujet d'un autre attentat. Il a dit 'Je vous parlerai quand j'aurai mon avocat'. J'ai dit: 'Quelles sont les options disponibles et légales?'.»

En 2006, des responsables américains avaient déclaré que des prisonniers avaient fourni des informations sur des complots, et notamment sur des attentats visant Heathrow et Canary Wharf. Des responsables britanniques s'étaient montrés sceptiques à l'époque, suggérant qu'il pourrait s'agir d'idées avancées par les terroristes plutôt que de véritables projets d'attentats.

Dans ses mémoires, George W. Bush présente l'absence d'attentats aux États-Unis dans les années qui ont suivi le 11-Septembre comme sa plus éclatante réussite.

En ce qui concerne l'Irak, George W. Bush regrette d'avoir soutenu que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, qui n'ont jamais été trouvées alors que c'était le principal argument de Washington à l'origine de l'invasion de ce pays en mars 2002.

L'ancien président affirme par ailleurs avoir demandé à Condoleezza Rice, sa conseillère à la sécurité nationale, de freiner son vice-président, Dic Cheney, après que ce dernier eût exclu la poursuite des inspections de l'armement irakien en août 2002. Dick Cheney livrera peut-être sa version des faits dans ses propres mémoires, attendus pour le printemps 2011. Il aura été précédé dans les librairies en janvier par le ministre de la Défense Donald Rumsfeld (2001-2006).

Par ailleurs, M. Bush se reproche aussi d'avoir «réduit trop rapidement les effectifs des troupes» en Irak. En revanche, il salue la décision de Barack Obama d'envoyer des renforts en Afghanistan.

George W. Bush avoue quelques autres erreurs, dont celle d'avoir baptisé les nouvelles lois de lutte contre le terrorisme «Patriot Act», suggérant par là que ceux qui s'y opposaient n'étaient pas des patriotes, et d'avoir trop attendu pour réagir à l'ouragan Katrina en Louisiane à l'été 2005. «Le problème n'est pas que j'aie pris de mauvaises décisions mais que j'aie mis trop de temps à décider», écrit-il, regrettant de ne pas avoir ordonné plus tôt l'évacuation et l'envoi de troupes sur place, ainsi que de ne pas avoir montré assez d'empathie avec les victimes.

L'ancien chef de la Maison-Blanche admet aussi avoir sous-estimé la gravité de la crise économique à la fin de son mandat, croyant toujours qu'il existait une chance d'éviter la récession alors même «que le château de cartes était sur le point de s'écrouler». C'était le début de la pire récession qu'aient connue les États-Unis depuis la Grande dépression dans les années 1930.

George Bush affirme dans ses mémoires que seule l'histoire pourra juger son bilan, mais c'est pour ajouter que «les commentateurs qui traitaient le président (Ronald) Reagan d'âne bâté et de va-t-en-guerre parlent aujourd'hui de la façon dont le Grand communicant a gagné la Guerre froide».