Un homme a plaidé coupable mercredi aux États-Unis d'aide matérielle à un groupe terroriste et de menaces contre les auteurs de la série d'animation South Park, réputée pour son impertinence, qui avait mis en scène le prophète Mahomet.

Zachary Adam Chesser, 20 ans, originaire de Virginie, encourt une peine maximale de 30 ans d'emprisonnement lors de sa condamnation prévue en février, indique dans un communiqué le ministère de la Justice.

Il a plaidé «coupable d'avoir agi à plusieurs reprises en avril 2010 afin d'encourager des jihadistes à attaquer les auteurs de South Park pour leur représentation de Mahomet, y compris en mettant en avant leur lieu de résidence et en incitant les internautes à "leur rendre visite"», ajoute le document.

La chaîne de télévision Comedy Central avait censuré en avril toutes les références au prophète Mahomet dans un épisode du dessin animé, après que ses auteurs eurent reçu des menaces.

Le groupe Revolution Muslim (Révolution musulmane), basé à New York, avait déclaré que les créateurs de South Park, Matt Stone et Trey Parker, risquaient de finir comme le cinéaste néerlandais Theo Van Gogh, assassiné par des extrémistes musulmans à Amsterdam en 2004.

La réaction de Revolution Muslim faisait suite à la diffusion d'un épisode, le 14 avril, dans lequel Mahomet apparaissait dissimulé sous un costume d'ours. Le programme qui avait été censuré était le deuxième volet de l'épisode.

South Park, qui suit les aventures de quatre écoliers dans une ville imaginaire du Colorado, a souvent brocardé des personnages religieux depuis ses débuts à l'écran il y a 13 ans.

Accusé d'incitation à des actes de violence aux États-Unis, Zachary Chesser avait admis en mai dernier avoir posté des informations personnelles d'internautes membres d'un groupe sur Facebook créé à la suite des menaces proférées contre les auteurs de South Park et suggérant aux gens de dessiner Mahomet. Chesser avait diffusé ces informations sur des sites jihadistes.

Le jeune homme a aussi plaidé coupable de tentative pour fournir une aide matérielle aux insurgés somaliens shebab liés à Al-Qaïda, considérés par les États-Unis comme une organisation terroriste.

À deux reprises il avait tenté de se rendre en Somalie avec l'intention de rejoindre les shebab «et de se livrer à un jihad (guerre sainte) violent en tant que combattant étranger», selon le ministère de la Justice.

Chesser avait aussi admis avoir placé des colis d'allure suspecte mais inoffensifs dans des lieux publics afin de «rendre les forces de l'ordre moins vigilantes» et moins enclines à surveiller tout paquet.

Il «a vraiment mis en danger la vie de personnes innocentes qui vont continuer à être en danger pendant encore de nombreuses années», a jugé dans un communiqué le procureur Neil MacBride.

«Son appel au meurtre de citoyens américains lancé à des extrémistes a aussi fait que les gens à travers le pays n'ont plus osé s'exprimer, même en plaisantant, de peur d'être considérés comme des ennemis méritant d'être tués», a ajouté le procureur.

«En reconnaissant sa culpabilité aujourd'hui, M. Chesser nous rappelle la grave menace que font peser sur ce pays les jihadistes qui ont grandi ici», a-t-il ajouté.